Jadis, les épidémies s’appelaient peste ou choléra. Nous avons droit aujourd’hui au coronavirus Covid-19. L’affaire n’étant pas assez cauchemardesque, il fallait sans doute lui donner un nom à dormir debout.

D’autres types de catastrophes se présentent de manière plus aimable. Aux ouragans, par exemple, on attribue des prénoms masculins ou féminins, en veillant à la parité pour ne fâcher personne : Irma, Inez ou Carmen alternent avec Dorian, Harvey ou Dennis. Le but de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) n’est pas de masquer la dangerosité de ces cyclones tropicaux, mais de communiquer plus efficacement les messages d’alerte et de sensibiliser les populations concernées.

Pour les épidémies, certaines appellations récentes ont prêté à confusion : le public a mis quelque temps à comprendre que la « maladie de la vache folle » n’affectait pas seulement les vaches ou que la « grippe porcine » ne se transmettait pas seulement par les porcs. Sans compter les dégâts collatéraux : en 1994, un virus d’origine chevaline a été baptisé Hendra, du nom de cette commune d’Australie où il était apparu ; les habitants s’en sont pris ensuite aux épidémiologistes en les accusant d’avoir fait chuter les prix de l’immobilier…

Cette fois, on s’est bien gardé de dire « le Wuhan » pour qualifier la calamité survenue dans la ville chinoise. Wall Street, qui a déjà quarante de fièvre, n’aurait pas supporté une inévitable confusion avec le yuan. En exportant son virus, l’empire du Milieu a suffisamment affecté l’économie mondiale pour qu’on ne soit pas obligé, en plus, de combattre sa monnaie.