De Gaulle l’avait dit à sa manière, « vers l’Orient compliqué je volais avec des idées simples ». Les avions français qui reconnaissent désormais le ciel de Syrie, en prévision de frappes prochaines, sont-ils mus par ce principe de simplicité ? On ne saurait trop le croire. Et, faute de pédagogie au sommet de l’État, comprendre la stratégie française ne va guère de soi. On se souvient qu’en août 2013, indignée devant l’usage d’armes chimiques par l’armée de Bachar al-Assad, la France avait voulu mener des frappes punitives en Syrie. Ce qu’elle renonça à faire après que l’allié américain se fut abstenu. On ravala nos bombes et comme la nature diplomatique a horreur du vide, on forgea un nouveau concept, un ni-ni à vocation externe : « ni Daech ni Assad ». À ce compte-là, les massacres d’opposants syriens ont continué, et l’État islamique a pu perpétrer ses crimes à la face du monde. Quant à la crise des réfugiés, elle a eu deux années pour s’aggraver. Le résultat est sous nos yeux : nous avons la peste de l’État islamique et le choléra du régime sanguinaire de Bachar al-Assad. Les opérations annoncées par le chef de l’État le 7 septembre donnent une impression de temps perdu, d’indécision, de mauvaise anticipation. Nous voici dans l’étrange situation de reparler aux Russes en dépit des contentieux, de nous concerter avec le pouvoir syrien pour attaquer Daech. Assad le chef de guerre peut se frotter les mains. Et serrer celles de Poutine.  

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