Et si on prenait davantage au sérieux les points de vue des jeunes enfants ? C’est la question posée dans Recherches avec les jeunes enfants : perspectives internationales (Peter Lang, 2017), un ouvrage collectif que j’ai codirigé avec Pascale Garnier. Les auteurs (anglais, islandais, suédois, français et néo-zélandais) y montrent des enfants « experts », dès la petite enfance. Il y a urgence face à la rhétorique des « besoins » (supposés) de l’Enfant, à la tendance à penser pour eux plutôt qu’avec eux !

Des enfants qui soient véritablement les interlocuteurs des chercheurs : cette vision est apparue dans les années 1990 avec les approches démocratiques de la définition de la qualité de l’accueil et de l’éducation préscolaire dans les pays nordiques. Elle a suscité, un peu partout dans le monde, des études fondées sur le droit des enfants à la participation et à la reconnaissance de leur pouvoir d’agir. Et cela, pour améliorer la qualité des structures qu’ils fréquentent : leurs espaces et les objets qu’ils contiennent, aussi bien que le travail des professionnels de ces lieux.

Comment s’y prendre pour écouter leurs voix, surtout quand ils ne maîtrisent pas encore très bien la langue ? Les chercheurs ont fait et font preuve d’inventivité méthodologique. Alison Clark et ceux qui ont adopté son approche mosaïque ont combiné plusieurs moyens d’expression des enfants – la parole, à travers des échanges en petits groupes, mais aussi le dessin, le modelage ou encore la photographie et le mouvement.

La « visite guidée », au cours de laquelle les enfants indiquent les endroits et objets affectionnés, s’avère particulièrement intéressante : lorsqu’ils courent vers ces objets ou ces emplacements, les corps des enfants en disent long, tout comme les clichés qu’ils peuvent en prendre ! Apparaît en creux tout ce qu’il faudrait probablement revoir… avec eux ! 

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