Plus de 4 millions de Français dans les rues

Lorsqu’une manifestation a lieu, systématiquement un débat s’installe sur le nombre de ses participants, avec des estimations allant souvent du simple au double (et au-delà !) selon leurs auteurs – reflet des tensions partisanes visant à grandir ou au contraire à relativiser un événement. Mais pour la marche républicaine du 11 janvier, aucun décompte officiel n’a été donné. Le ministère de l’Intérieur motive cette absence par l’ampleur exceptionnelle du mouvement rendant, selon lui, « impossible » un tel comptage. 

Pourtant, quelle que soit l’ampleur d’une manifestation, en dénombrer les participants est une tâche ardue. Le comptage strict n’est jamais possible, et ce sont toujours des estimations qui sont données, s’appuyant notamment sur la longueur du défilé, la largeur des rues, le nombre de personnes par rangée et la vitesse à laquelle elles avancent. La variété des paramètres entrant dans cette équation, ainsi que la question controversée du dénombrement des personnes sur les trottoirs sont responsables de l’hétérogénéité des chiffres proposés.

La marche républicaine aurait pu se prêter à cet exercice, et le ministère aurait pu avancer, comme il le fait habituellement, une estimation officielle du nombre de participants. S’il ne l’a pas fait, c’est moins pour des raisons techniques que symboliques : l’« unité nationale » incarnée dans cette marche est une et indivisible, elle ne se compte pas. C’est la France unie qui est descendue dans la rue ce dimanche-là pour réaffirmer son désir de vivre ensemble et son soutien indéfectible aux valeurs de la République.

La presse propose pourtant quelques décomptes, oscillant autour de 4 millions. Depuis la Libération, jamais les rues n’ont vu défiler une telle foule. Mais que l’on ne s’y trompe pas : cela reste une minorité des Français et ne préjuge pas de ce que pense le reste de la population. La marche a été un moment démocratique puissant, mais c’est dans les mois à venir que cette aspiration à l’union sera mise à l’épreuve. 

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