C’était dans un autre siècle. Je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Internet, à cette époque, ne régnait pas encore. N’importe qui ne pouvait pas lancer sur la Toile n’importe quelle information non vérifiée et permettre à n’importe qui de la commenter.

Les machines non plus n’avaient pas le droit de s’improviser journalistes. Dieu sait pourtant si elles sont capables de mesurer la valeur des choses ! Digérant des millions de données en une fraction de seconde, elles déterminent ce qui retient l’attention, donc ce qui est important. Regardez les sites Internet des journaux : à tout instant, ils vous indiquent quels sont leurs articles les plus lus, les plus com-mentés, les mieux notés. Pour vous dispenser sans doute de découvrir les autres. Naguère, le pauvre lecteur était contraint de se faire une idée par lui-même, au risque de s’écarter dangereusement de l’opinion commune. 

Le journalisme d’avant les machines n’est pas tout à fait mort. Il existe encore des professionnels entêtés qui partent du principe étrange que toutes les informations ne se valent pas. Ils s’obstinent à les trier, les vérifier et les hiérarchiser, pour mettre en évidence celles qui leur paraissent les plus importantes. Quitte à décevoir la gourmandise du public, qui réclame des mets simples et de plus en plus pimentés. L’audience de leur média n’est pas l’unique souci de ces naïfs. Nous n’avons pas, disent-ils, à chercher en permanence ce qui intéresse les gens, mais à faire un journal intéressant. Et puis quoi encore ?! 

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