Sans recensement officiel depuis 1932, il est difficile d’établir un état des lieux très précis de la population libanaise et de ses quelque 5,5 millions d’habitants, les décomptes étant disputés par les diverses communautés. Vit en outre dans ce pays une forte population de réfugiés, en particulier d’origine palestinienne – l’Unrwa, le programme des Nations unies assistant ces derniers, estime que 200 000 d’entre eux y résident aujourd’hui, tandis que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés comptabilise près de 930 000 Syriens. Reste la réalité de la mosaïque confessionnelle : le Liban est divisé en dix-huit communautés religieuses officielles, comme autant de branches du cèdre, emblème du pays. En voici les principales.

 

Musulmans (60 % de la population environ)

Les Libanais musulmans se répartissent principalement au sein de deux groupes quasi équivalents, avec un gros quart de la population chacun : les chiites et les sunnites. Ces derniers sont concentrés dans le nord du pays, le centre de Beyrouth et les villes du littoral. Dominants politiquement, notamment grâce à la famille Hariri, ils bénéficient selon les termes du Pacte national de la présidence du Conseil des ministres. Les chiites, eux, résident essentiellement dans le sud du pays et dans la vallée de la Bekaa, ainsi que dans le sud de Beyrouth. Seuls éligibles au poste de président du Parlement, ils compensent leur faiblesse politique relative par le poids de leurs milices armées, Hezbollah en tête.À côté de ces deux groupes majoritaires, coexistent deux très faibles minorités, alaouite et ismaélite, qui représentent moins d’1 % de la population.Enfin, installés principalement au sud de Beyrouth, dans les régions du Chouf et d’Aley, les druzes professent une religion abrahamique dérivée de l’ismaélisme, fondée sur l’initiation à la partie ésotérique de la religion musulmane – mais sans s’identifier aujourd’hui à l’islam. Ils comptent aujourd’hui pour 5 % environ de la population.

 

Chrétiens (40 % de la population environ)

Les chrétiens libanais sont loin de former une communauté unie, puisqu’ils sont officiellement répartis en pas moins de douze chapelles ! Parmi celles-ci, les maronites forment le contingent le plus important, démographiquement et politiquement parlant, avec près d’un quart de la population. Principale communauté catholique au Proche-Orient, résidant pour la plupart au mont Liban et à l’est de Beyrouth, ceux-ci détiennent le poste de président de la République depuis l’indépendance. Parmi les autres communautés chrétiennes, les plus importantes sont aujourd’hui les grecs-orthodoxes, les grecs-catholiques et les arméniens-apostoliques. Les autres groupes chrétiens (arméniens-catholiques, syriaques-orthodoxes, syriaques-catholiques, assyriens, chaldéens, latins et coptes-orthodoxes) pèsent ensemble moins de 2 % de la population.

 

Autres religions

Bien que le judaïsme soit toujours reconnu comme l’une des religions officielles du Liban, il ne reste guère plus que quelques centaines de Juifs dans le pays. A contrario, on y compte aujourd’hui plus de 10 000 hindous, plusieurs milliers de Témoins de Jéhovah, ainsi que quelques centaines de fidèles du zoroastrisme ou du bahaïsme.

 

La diaspora libanaise

L’émigration depuis le Liban a connu plusieurs vagues successives, au rythme des conflits qui ont secoué le pays. Au mitan du xixe siècle, après les massacres de chrétiens maronites au mont Liban notamment, une première vague s’est ainsi massivement dirigée vers l’Amérique latine. Puis, après les années 1960 et le début de la guerre civile, un second grand mouvement s’est enclenché, touchant cette fois toutes les communautés religieuses, en direction de nombreux pays d’Amérique, d’Europe, d’Asie et d’Océanie.

Il est difficile de cerner exactement le nombre de personnes d’origine libanaise qui vivent sur la planète, mais en comptabilisant les descendants de première, deuxième, troisième, voire quatrième génération, ce chiffre peut atteindre 14 millions, soit plus du double de la population résidant aujourd’hui au Liban. La part la plus importante de cette diaspora – et de loin – est installée au Brésil, avec 5 à 7 millions de descendants libanais, devant l’Argentine et la Colombie (2 à 3 millions chacun), les États-Unis (800 000), l’Australie (400 000) et le Mexique (250 000). Une importante communauté chiite s’est établie en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, en Guinée ou au Sénégal, tandis que les sunnites se sont plus volontiers orientés vers les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête.

Quant à la diaspora libanaise en France, elle compte environ 35 000 personnes nées au Liban et près de 200 000 ayant des origines libanaises, essentiellement descendantes de la communauté chrétienne. Parmi elles, des personnalités littéraires (Amin Maalouf, Vénus Khoury-Ghata…), musicales (Louis et Matthieu Chedid…) ou économiques (Carlos Ghosn, Iskandar Safa…). 

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