Au premier rang des maladies professionnelles, les troubles musculo-squelettiques (TMS) regroupent des affections touchant muscles, tendons, nerfs, articulations et os, provoquées par des postures inadaptées ou la répétition de gestes. D’après l’Enquête européenne sur les conditions de travail, les douleurs du dos, du cou, des épaules ou des membres représentent en Europe le premier problème de santé attribué au travail par les travailleurs. En France, ces troubles sont en 2013 la cause de 79 % des maladies dont l’origine professionnelle est reconnue indemnisées par le régime général. Ils constituent la première cause de journées de travail perdues en raison d’un arrêt de travail (plus de huit millions de journées en 2013).

Avec une augmentation de 1 200 % du nombre de cas indemnisés entre 1993 et 2013, les TMS connaissent une véritable explosion. Cette évolution confirme bien les effets délétères de l’intensification du travail. Mais son ampleur pose question. Ces chiffres proviennent du travail de catégorisation opéré par la Caisse nationale de l’assurance maladie sur les demandes d’indemnisation qui lui sont adressées. Dans le cas des TMS, les affections qui peuvent bénéficier d’une reconnaissance administrative sont décrites dans un document (dit « tableau 57 ») établissant la liste fermée des pathologies d’origine professionnelle, et bénéficiant à ce titre d’une indemnisation. La connaissance que l’on peut en tirer mélange donc des aspects liés aux évolutions du travail, aux débats sur les problématiques de santé et à l’avancée de la réglementation. Ainsi, la forte augmentation des cas indemnisés n’est pas seulement liée aux transformations du travail, mais également aux effets d’une sensibilisation croissante du corps social (médecins, partenaires sociaux et travailleurs eux-mêmes) au caractère professionnel des TMS – auparavant plus souvent subis comme une fatalité.

Le sort des TMS éclaire mieux les vifs enjeux autour de l’ajout, actuellement en discussion au Parlement, du burn out dans la liste des maladies professionnelles reconnues comme telles.

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