L’électorat RN, c’est un inventaire à la Prévert. On y trouve des intellectuels qui jouent avec les allumettes, des victimes saoulées au mauvais vin de la résignation, des loups tricolores et des moutons bruns. Et beaucoup d’imbéciles nés quelque part, selon les mots de Georges Brassens qui précisait : « Moi, la patrie, je m’en fous pas mal. J’aime la France. » 

C’est vrai qu’ils sont plaisants tous ces petits villages,
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités,
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages.
Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités,
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts,
La race des chauvins, des porteurs de cocardes :
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part. (bis)

Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour tout’s sur leur clocher,
Qui vous montrent leurs tours, leurs musé’s, leur mairie,
Vous font voir du pays natal jusqu’à loucher.
Qu’ils sortent de Paris, ou de Rome, ou de Sète,
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar,
Ou même de Montcuq, ils s’en flattent, mazette,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part. (bis)
[…]

C’est pas un lieu commun celui de leur naissance,
Ils plaignent de tout cœur les pauvres malchanceux,
Les petits maladroits qui n’eur’nt pas la présence,
La présence d’esprit de voir le jour chez eux.
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire,
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares,
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part. (bis)
[…]

© Éditions musicales 57 (Universal Publishing France)

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