Comment faire taire les armes après une guerre totale ? Comment construire la paix alors que dix millions de soldats et de civils sont morts dans les combats qui ont déchiré l’Europe ? Voilà deux des questions abordées dans ce nouveau hors-série réalisé avec le concours de la Mission du centenaire. En toile de fond s’impose une réalité saisissante : l’après-guerre s’est révélé tout aussi complexe et violent que les terribles années 14-18.

Retenons seulement ici quatre faits majeurs.

Le premier concerne les négociations de paix. Pour la première fois, les chefs d’État vainqueurs se réservent le pouvoir de décider seuls du sort du monde. Les discussions ont lieu à Paris et durent pas moins de six mois, de janvier à juin 1919. L’Américain Woodrow Wilson, le Britannique David Lloyd George et Georges Clemenceau se voient quasiment tous les jours, discutant en anglais. Diplomates et grands chefs militaires sont consultés, sans avoir le dernier mot.

Le deuxième élément décisif concerne la paix entre la France et l’Allemagne. Les historiens John Horne, Gerd Krumeich et Antoine Prost racontent et analysent dans les pages qui suivent le paradoxe de la situation : vaincue, l’Allemagne ne se sent pas défaite. Et pour cause ! Elle n’a pas été envahie et son armée est encore potentiellement puissante. Le traité de Versailles signé le 28  juin 1919 n’en sera que plus rejeté outre-Rhin.

Le troisième fait marquant touche l’Europe et ses confins. Les empires allemand, austro-hongrois et ottoman sont rayés de la carte. L’empereur Guillaume II abdique, la maison des Habsbourg doit s’éclipser, le sultan, confiné à Constantinople, est renversé par Mustafa Kemal, le futur Atatürk. De nouvelles frontières sont tracées et dessinent la Tchécoslovaquie, la Pologne, l’Autriche, la « petite Hongrie », la Roumanie agrandie, la Yougoslavie, l’Arménie, la Finlande et les pays baltes. L’Europe des nations efface celle des empires.

Enfin, la guerre accouche d’un monde nouveau pour le meilleur et pour le pire. Côté noir, les transferts forcés de population actés par les vainqueurs et la soif de colonisation partagée par la France, la Grande-Bretagne et la Belgique. Côté lumière, sous l’impulsion des États-Unis, la reconnaissance internationale du droit des peuples à l’autodétermination ainsi que la création de la Société des nations (SDN).

Ces points ne constituent pas une liste exhaustive. Ils sont une simple invitation à se plonger dans une page d’histoire qui donne les clés pour comprendre le monde contemporain. Notre monde. 

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