C’était il y a longtemps. Disons à la fin du XXe siècle. Un homme vif animé de grands gestes marchait à mes côtés d’un bon pas, malgré une claudication. Nous avancions sous les feuillages d’une forêt de la Somme, sur la commune de Tailly-l’Arbre-à-Mouches (un nom qui ne s’invente pas), dont il fut maire pendant quarante-trois ans. Hubert Leclerc de Hautecloque ne vivait que pour ses arbres, et sa haute silhouette ne déparait guère parmi ses futaies. Engagé à 17 ans dans la 2e DB que commandait son père, le maréchal Leclerc, il était devenu, la guerre finie, un des artisans passionnés du renouveau forestier français. Du domaine privé essentiellement. S’il avait planté dans sa vie quantité de Douglas, d’épicéas et de peupliers, pour alimenter ce qu’on appelle aujourd’hui la « filière bois », il vantait aussi les forêts naturelles. Chemin faisant, ce sylviculteur de cœur se félicitait de la progression du nombre de parcelles plantées. « Mais parce qu’on n’a pas reboisé la place de la Concorde, les gens l’ignorent ! » s’écriait-il les bras en l’air.

Avec 190 espèces recensées (contre 51 en Allemagne ou 26 en Suède), et une surface de 17 millions d’hectares, soit près du tiers du territoire, la forêt de l’Hexagone est aussi étendue que diversifiée, un grand manteau d’arbres qui abrite nos promenades autant que nos imaginaires. Avant qu’une véritable forêt primaire, un projet extraordinaire porté par le botaniste Francis Hallé, puisse revoir le jour ces prochaines années du côté des Vosges ou des Ardennes… À l’orée de l’été, qui rime d’abord avec plages, mer et soleil, nous vous invitons à un bain de verdure et de fraîcheur, pour une grande bouffée d’air et de chlorophylle. Si nos massifs forestiers souffrent du réchauffement, des maladies, ou de l’impact des activités humaines, ils sont aussi des lieux de résilience naturelle fascinants. Les arbres se parlent de haut en bas, des cimes aux racines, se protègent entre eux, en un dialogue insoupçonné. Et dans la forêt, tout est bon pour nous, tant elle nourrit, réchauffe (on en tire les fameux pellets des poêles !), dépayse. Elle permet le sport et l’évasion, le contact physique apaisant avec la nature. Qu’elle soit très grande ou de taille « micro », ou encore urbaine, la forêt nous aide à lutter contre les canicules, à respirer, à endurer les agressions de la modernité. En un mot, à vivre. Alors bonnes balades et bel été, sous les arbres candélabres de nos rêves éveillés ! 

Vous avez aimé ? Partagez-le !