Hamon ou Mélenchon ? Le Pen ou Fillon ? Macron ou Hamon ? Fillon ou Macron ? Vote blanc ou abstention ? Les figures de l’hésitation prennent mille formes depuis quelques semaines. Nous sommes allés à la rencontre de ces indécis. Témoignages.

 

Stanislas Chenu, 30 ans, juriste, Paris

Au premier tour, je mettrai un bulletin pour François Fillon. Sauf revirement ou nouvelles informations. J’en suis sûr à 80 %. Mais s’il tire trop à droite, je sanctionnerai. Des propositions comme l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans m’irritent. Mon curseur, ma barrière, c’est le respect de l’autre, la tolérance et, surtout, de protéger l’Union européenne. Je reste persuadé que les soixante-dix ans de paix sur notre continent sont le fruit de la construction européenne. C’est la grande différence entre l’extrême droite et la droite. Je m’inscris dans une droite française traditionnelle, une droite sociale. Je ne suis pas partisan d’un libéralisme à l’américaine, où les plus faibles ne bénéficient d’aucune protection.

La politique menée depuis cinq ans n’est pas la bonne. Il faut moins de charges pour les entreprises et plus de compétitivité pour relancer la croissance et favoriser l’emploi. Seul un programme de droite peut le faire et je pense que celui de Fillon est le bon. En même temps, j’ai du mal à me faire à l’idée de voter pour un homme qui a très probablement tapé dans la caisse. 

Je dois dire que je ne suis pas non plus insensible à la candidature de Macron. L’idée est intéressante. Dès les premiers jours de son mouvement, j’ai consulté son site Internet. Son programme est plutôt libéral et progressiste, à même de favoriser une reprise de l’activité et de baisser le chômage. Mais ce qui me gêne chez lui, c’est son manque d’expérience. Je doute également de ses convictions. Son discours est flou. J’ai du mal à faire confiance à un homme politique qui rassemble autour de son projet Robert Hue, ancien secrétaire national du Parti communiste, et François Bayrou. La force et le problème de Macron, c’est sa parfaite maîtrise de la langue française. Son discours est doux à l’oreille, mais après coup, on s’interroge sur le fond de sa pensée. Et en même temps, s’il y a un argument de poids en faveur d’Emmanuel Macron, c’est sans aucun doute le renouvellement de la classe politique qu’il propose et qu’il incarne. Un jeune nous ferait du bien. Je ne supporte plus cette vieille génération de politiciens qui s’accroche au pouvoir. 

MAHIR GUVEN

 

Aurélie Sykes, 29 ans, commerciale, Paris

Je ne crois plus dans notre système de partis binaire gauche-droite. Je me retrouve un peu au milieu, sans me considérer du centre pour autant. Je me sens concernée par les questions écologiques et sociales, mais économiquement je penche, enfin je penchais, plus à droite. Je le dis au passé parce que je ne me retrouve pas dans la politique économique de Fillon. C’est la droite dure, trop austère. En gros, je suis de la gauche caviar, celle de DSK. Une politique économique de droite et un cœur à gauche. En France, on fait passer les réformes sociales par la gauche et les réformes économiques par la droite. Pourquoi un seul camp ne pourrait pas faire les deux ? Ce n’est pas incompatible. Obama y est bien parvenu d’une certaine manière.

Au début, je me suis beaucoup intéressée au mouvement En marche ! Je voulais m’engager pour Macron, je me disais que c’était l’outsider qui allait apporter une vision différente, amorcer la fin du système des partis. Mais je me suis désolidarisée quand il a commencé à faire rentrer des politicards. Et à la lecture de son programme, j’ai pris conscience qu’il n’était pas du tout à la hauteur de ce qu’il avançait. Son projet est réel mais il n’est pas applicable en cinq ans. Son programme est purement marketing : les mesures sont là, mais pas les chiffres. Alors il y a Hamon, dont le programme très à gauche ne me ressemble pas, mais qui est un vrai humaniste et qui se présente pour les bonnes raisons. En 2012, j’avais voté à droite pour des raisons économiques. Mais aujourd’hui, le contexte est différent. La crise n’est plus économique, elle est sociale, et je ne veux pas d’un candidat qui creuse le fossé entre les migrants et le reste de la France.

Cela dit, d’un point de vue purement pragmatique, je pense que Le Pen va être élue face à Fillon, qui fera sûrement un meilleur score que ce que l’on dit : les élites des villes sont séduites par Macron, mais il ne faut pas oublier que c’est la campagne qui vote. Et après le quinquennat de Hollande, elle va voter à droite. Mais si c’est Macron qui passe au second tour, il a ses chances de gagner, contrairement à Hamon. Donc je pense que je vais voter pour Macron de manière stratégique. Je suis passionnée par la politique et dégoûtée de devoir voter sans conviction. 

MANON PAULIC

 

Jacqueline, 80 ans, institutrice à la retraite, Marseille

J’hésite encore tellement que j’en ai le tournis. Vivement que cela se termine, sinon je ne pourrai plus marcher droit ! Je n’ai aucun complexe à me revendiquer de droite. Mais pas Front national, notamment à cause de sa politique anti-européenne. Je sais qu’une sortie de l’euro serait catastrophique pour la France. J’ai voté Sarkozy en 2007 avec beaucoup d’enthousiasme. En 2012, en revanche, j’étais

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