Nous voilà acteurs tâtonnants d’un processus révolutionnaire. C’est un moment étonnant, sidérant même. Le système politique se fendille, craque, mais tient encore. Les électeurs, tout autour, sont embusqués. Ça canarde par à-coups. Sur le registre des grands disparus au champ de la disgrâce politique, on coche déjà les noms de François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Manuel Valls, François Bayrou… Tous congédiés par des votes primaires ou sous la pression de l’opinion. 

Restent les rescapés de la course à l’Élysée. Survivants, ils avancent sous la mitraille des médias et des réseaux sociaux. Sur ce champ de bataille, les partis sont les autres victimes de cette purge démocratique. Ces appareils, autrefois puissants, orgueilleux du nombre de leurs militants, n’ont plus ni force ni énergie. Le PS court comme un canard sans tête ; Les Républicains assurent le service minimum ; le Front national gère la petite entreprise Le Pen. 

Ce qui se joue sous nos yeux, c’est la chute ou le sauvetage du clivage gauche-droite, l’un des plus anciens ressorts de la vie politique depuis 1789. Une Bastille à prendre. Telle est la question qui sera tranchée : la clé de voûte de notre démocratie représentative depuis plus de deux siècles va-t-elle céder ? Comme toujours dans ces moments, la confusion est grande, l’hésitation à son comble. Qui peut prétendre saisir toute l’ampleur des enjeux et de la dynamique en marche ? Un monde ancien vacille, un autre tente de s’affirmer. Il y a de quoi être déboussolé. 

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