À quoi rime cette comptine ? « Fais dodo, Colas mon p’tit frère, fais dodo, t’auras du lolo… » C’est absurde ! Peut-on promettre à un enfant de lui donner du lait quand il sera endormi ?

Le proverbe « qui dort dîne » n’en est pas moins étrange. Selon une explication savante, au Moyen Âge, cette formule figurait au fronton de certaines auberges. Le voyageur apprenait qu’il ne pouvait y passer la nuit sans commander un repas. C’était en quelque sorte de la vente forcée.

Mais les linguistes, Littré en tête, n’ont voulu y voir qu’un adage. Inutile de chercher midi à quatorze heures : « qui dort dîne » signifie simplement que le sommeil tient lieu de nourriture. Le dramaturge Ménandre l’affirmait déjà au iiie siècle avant notre ère, en y apportant une dimension charitable : « Le sommeil nourrit celui qui n’a pas de quoi manger. » C’était un propos d’Athénien privilégié. Bonne nuit, les indigents, et faites de beaux rêves ! Ménandre avait été mieux inspiré en inventant une autre phrase célèbre : « La nuit porte conseil. »

Non, personne ne dort bien le ventre vide. Le ventre trop plein non plus. Ce n’est d’ailleurs pas seulement une question de volume. Nul besoin d’être docteur en diététique pour savoir que les excès d’alcool, de gras et de sucre garantissent un sommeil agité, alors qu’une alimentation saine, prise en quantité raisonnable, à une heure adéquate, incite Morphée à vous tendre les bras. Qui dîne bien dort bien.

Et l’inverse est tout aussi vrai, nous disent les spécialistes : un sommeil de qualité permet non seulement de recharger ses batteries la nuit, mais de contrôler son appétit dans la journée et de limiter les fringales. Qui dort bien mange mieux, sans réveiller le goinfre qui sommeille en chacun de nous. 

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