Coco Chanel, qui s’y connaissait en économie, l’avait dit avant tout le monde : « La mode, c’est ce qui se démode. » À la foire des mots, certains se dévaluent aussi pour avoir trop servi. Mondialisation par-ci, pour dénoncer les excès du libéralisme, mondialisation par-là, pour fustiger la finance folle. La mode a passé de la mondialisation heureuse. Place à la collection dernier cri, saison 2017. Nom de code ? Dé-mon-dia-li-sa-tion. Le monde, c’est ce qui se « démonde », où plutôt, ce qui se démondialise. Avons-nous des synonymes au dictionnaire des idées reçues ? Oui, et ils foisonnent selon qu’on chausse les lunettes de l’anticapitalisme, du protectionnisme ou de l’isolationnisme, autant de termes d’allure anodine mais qui s’incarnent en d’inquiétantes figures. Voilà le trumpisme, le brexisme, et chez nous le marinisme ou le mélenchonisme, tous réunis dans un bain idéologique aux effluves populistes. Démondialiser, disent-ils, comme pour exorciser les démons de la mondialisation. Le réel est pourtant plus grand que les places fortes, les clôtures et les prés carrés. Il est aussi plus stimulant que l’invitation frileuse au repli sur soi. Alors, que met-on derrière ce mot de démondialisation, sinon l’addition de nos peurs, de nos rancœurs et de nos défaites ? Encore un effort et l’Europe effrayée par son ombre finira par se refermer sur elle-même, pour mieux se regarder mourir.
acheter ce numéro
« Un monde démondialisé, c’est un monde en guerre »
Michel Foucher
À quand feriez-vous remonter la première mondialisation ?
Il n’y a mondialisation qu’à partir du moment où un État étend son influence sur 360 degrés. Rappelez-vous la formule de Charles Quint, qui règne de 1516 à 1556 : « Sur mon empire, le soleil ne se couche jamais. » La première mondialisation arrive précisément à la fin du xve siècle, durant la période des années 1492-1520. Cet empire universel est le fruit des explorations maritimes espagnoles et portugaises engagées à l’issue de la victoire sur le royaume de Grenade (2 janvier 1492) qui a scellé la grande confrontation entre l’Islam et la Chrétienté. Toute l’énergie libérée va d’une certaine manière être transférée dans la conquête de l’Amérique espagnole et plus tard dans la circumnavigation impulsée par Magellan.
[Pour lire la suite de l'article, vous pouvez vous inscrire ci-dessous ou vous abonner]
[Tartines]
Robert Solé
En voyage, si on me le propose, j’accepte volontiers un breakfast à l’anglo-saxonne, avec œufs brouillés, bacon, pommes de terre, porridge, pancakes, sirop d’érable, et tout ce qu’on voudra. Mais, en France, je tiens absolument à un petit déjeuner bien de chez nous.
[Pour lire la suite de l'article, vous pouvez vous inscrire ci-dessous ou vous abonner]