Alors que les mines ne seront pas en mesure de répondre à toute la demande en métaux, le recyclage représente un potentiel considérable. C’est aussi un moyen de préserver l’environnement, en limitant l’ouverture de mines, et de traiter une quantité faramineuse de déchets électroniques ou électriques.

Le recyclage de ces métaux repose sur plusieurs sources, à commencer par nos déchets – ce que l’on appelle la « mine urbaine ». Ordinateurs, téléphones ou même cafetières électroniques contiennent des circuits imprimés, qui renferment entre 10 et 40 % de cuivre, de petites quantités de cobalt – de l’ordre de quelques centaines de milligrammes pour un kilogramme –, ainsi que, en proportions infimes, des terres rares. L’autre source de recyclage, ce sont les déchets miniers : les résidus de certaines mines, initialement exploitées pour un métal spécifique, renferment d’autres minerais intéressants. L’ICSG, groupe d’étude international sur le cuivre, estime ainsi que, sur les 30 millions de tonnes de ce métal qui ont été produites dans le monde en 2023, 20 millions provenaient de minerais et de déchets miniers, 6 millions de déchets industriels et 4 millions de la mine urbaine. Pour d’autres métaux, les chiffres restent néanmoins difficilement accessibles.

L’efficacité du recyclage dépend du degré de concentration de chaque métal. Le cuivre, par exemple, se trouve en concentration relativement importante, comme dans un câble électrique. À l’inverse, le cobalt est omniprésent dans les objets de notre quotidien mais disséminé en très faibles quantités. Le récupérer est donc plus difficile et moins rentable. Certains métaux comme l’or font exception à la règle : leur grande valeur économique justifie leur récupération, malgré leur faible concentration.

Pour recycler ces métaux, il faut d’abord démanteler les objets qui les contiennent, de façon automatisée ou manuelle. Ensuite, comme dans le cas du métal tiré d’une mine, on a recours à la pyrométallurgie dans des fonderies, par exemple celles de Boliden en Suède, d’Umicore en Belgique ou d’Aurubis en Allemagne, ou bien à l’hydrométallurgie, c’est-à-dire le traitement par des acides, comme chez Comet en Belgique. Ce procédé est notamment utilisé dans les usines de recyclage de batteries de voiture électrique. Il faut cependant bien avoir à l’esprit que ce mode de recyclage nécessite l’ajout de réactifs et génère donc à son tour des déchets.  

Une troisième méthode, la biohydrométallurgie, s’appuie sur des bactéries spécifiques, capables, dans certaines conditions, de produire les réactifs nécessaires pour isoler les métaux que l’on recherche. En Ouganda, cette technique a fait ses preuves en permettant le recyclage des déchets d’une ancienne mine de cuivre, riches en cobalt, et a ainsi apporté une réelle contribution à la production mondiale. Une installation similaire a été lancée en Finlande, pour les résidus d’une mine de talc qui recelaient d’importantes ressources en cobalt et en nickel.

Des avancées prometteuses sont donc en train d’être faites, et l’Europe les encourage avec sa directive sur les matières premières critiques (CRM Act). Elle incite au recyclage, mais également à l’écoconception des objets : penser, dès l’étape de fabrication, à la future récupération des matériaux. 

Conversation avec MARIE COGORDAN