« Il voulait que le roman déborde dans la vie »
Mireille Sacotte
Pourquoi votre passion pour Gary, et pourquoi est-il publié maintenant en Pléiade ?
Il y a une vingtaine d’années, une étudiante d’origine tunisienne a souhaité que je dirige son mémoire de DEA sur Gary. Je l’ai incitée à chercher de véritables spécialistes. Mais, après un tour de France, elle m’a dit qu’elle n’en avait pas trouvé, et que la spécialiste, ce serait moi ! Je n’ai pas osé résister. Et puis j’aime les écrivains mal aimés… Ce qui était alors son cas.
Plus tard, j’ai proposé des séminaires sur Gary. Ils attiraient du monde. L’engouement pour son œuvre est venu d’abord de la jeunesse. Sans doute parce que ses romans sont assez faciles à lire et riches. Puis, après le 21 avril 2002, quand Le Pen s’est retrouvé au second tour de la présidentielle, beaucoup de jeunes manifestaient dans les rues, certains brandissant ce slogan : « Le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres. » Ils avaient trouvé Gary ! Quand j’ai voulu l’inscrire au programme de licence, ce fut une levée de boucliers. Nous n’étions que deux profs de littérature à le défendre à Paris III – l’autre était Jacques Lecarme, qui m’avait précédée. Personne ne semblait avoir lu Romain Gary. Aux yeux de mes pairs, il fallait être bizarre pour le choisir comme sujet d’enseignement.
[Découvrez le 1 gratuitement. Sans aucun engagement]
[Mocassins]
Robert Solé
Décembre 1959. Romain Gary, 45 ans, est consul général de France à Los Angeles. Avec son épouse, Lesley Blanch, il reçoit à dîner un jeune couple dont les âges additionnés sont équivalents au sien : lui, François Moreuil, est avocat et cinéaste à ses heures ; elle, Jean Seberg, actrice déjà célèbre, vient de tourner À bout de souffle sous la direction de Godard. Elle est sublime dans une robe bleu nuit de Givenchy.
[Découvrez le 1 gratuitement. Sans aucun engagement]