Une jungle vaste comme un continent
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« Les Achuar traitent plantes et animaux comme des partenaires »
Philippe Descola
Pourquoi avoir choisi de consacrer vos travaux d’anthropologue à l’Amazonie ?
Cette région du monde m’intriguait. J’avais lu les textes classiques : on écrit sur les basses terres de l’Amérique du Sud depuis que Christophe Colomb est arrivé chez les Taïnos ! Les chroniqueurs voyaient dans les Indiens soit des enfants du paradis – des « philosophes nus », comme disait Montaigne – menant une existence idyllique dans une forêt qui pourvoyait à tous leurs besoins, soit, au contraire, des brutes cannibales qui vivaient dispersées dans une forêt dont ils se distinguaient à peine. Dans un cas comme dans l’autre, il y a l’idée que ce sont des êtres « naturels ». Ils ne possédaient aucun des signes distinctifs auxquels pouvait se reconnaître une société moderne, telle qu’on l’entendait depuis la Renaissance : ils n’avaient ni pouvoir politique, ni religion, ni régime de lois. « Sans foi, sans loi, sans roi », disait-on en français à l’époque. Ils vivaient en habitat dispersé sur un très vaste territoire, ils n’avaient pas, ou peu, de groupes de filiation – clans ou lignages –, leurs chefferies étaient très peu marquées. Ce défaut d’institutions avait conduit à les considérer comme à peine plus que des animaux ou comme des « automates impuissants », selon l’expression de Buffon.
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[Raoni]
Robert Solé
C'est la figure emblématique du combat pour la préservation de la forêt amazonienne. Raoni Metuktire, chef des Kayapos, a pris l’avion à plusieurs reprises – lui qui déteste les innovations techniques des « Blancs », susceptibles de porter atteinte à la culture de son peuple – pour rencontrer des chefs d’État, le prince Charles, l’empereur du Japon ou le pape.
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