Roberto Juarroz est maître en paradoxes. S’il écrit, il se veut pourtant « muet parmi les mots ». Ne l’intéresse que l’inconnu : le silence que nous portons en nous. Seul l’attire le vide, alors que « dieu même jouerait à être bruit s’il existait ».
Il n’y a pas de silence.
Penser n’est pas silence,
une chose n’est pas silence,
la mort n’est pas silence.
Être n’est pas silence.
Aux alentours de ces faits
il n’y a que lambeaux de nostalgie :
la nostalgie du silence
qui peut-être n’exista jamais
et peut-être devons-nous le créer ?
Onzième poésie verticale, traduit de l’espagnol par Fernand Verhesen
© Lettres vives, 1990