La justice est un idéal, nous rappelle Walt Whitman. C’est un mythe sur lequel bâtir un monde meilleur. Mais la vérité, elle, n’est pas toujours une chimère : certains faits ne souffrent pas de doute. Les politiques aiment parler au futur, c’est bien pratique. Au tribunal, ils rendent des comptes sur leur passé. 

 

Splendeur de la justice :

La justice n’est point le fait de législateurs et de lois . . . . elle réside dans l’âme,

Elle ne saurait être modifiée par des statuts, pas plus que l’amour, l’orgueil, la force de gravité,

Elle est immuable . . elle n’est dictée par nulle majorité . . . . par nulle majorité ni rien qui comparaisse enfin devant le même tribunal impartial et détaché.

 

À la justice sont voués les superbes avocats naturels et les juges parfaits . . . . elle réside dans leur âme,

Voilà qui est bien pensé . . . . leurs études n’ont pas été vaines . . . . le grand inclut le moins grand,

Ils règnent sur les plus éminents sommets. . . . ils veillent sur toutes les périodes, États, gouvernements.

 

Le juge parfait ne craint rien . . . . il pourrait regarder Dieu droit dans les yeux,

Devant le juge parfait tous s’écarteront . . . . s’écarteront la vie et la mort . . . . s’écarteront le ciel et l’enfer. 

 

Extrait de Feuilles d’herbe (1855), traduit de l’américain par Éric Athenot

© Éditions Corti, 2008