Petite histoire sociale du web et des applis
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« Des entreprises aux structures de profit hyperpyramidales »
Sarah Abdelnour
Qu’est-ce que le « capitalisme de plateforme » ?
L’expression désigne le système économique qui repose sur l’innovation technique que représentent les plateformes numériques, et qui cherche à tirer profit de travailleurs souvent faussement à leur compte. La plateforme est une interface numérique entre des usagers et des personnes qui offrent des biens ou des services, en tant qu’indépendants. Plutôt que de salarier des employés, les entreprises se présentent ainsi comme de simples intermédiaires. On insiste souvent sur la dimension innovante de ces plateformes, mais elle me paraît exagérée : Uber n’apporte pas un service nouveau, il permet simplement de réserver une voiture en cliquant sur un bouton plutôt qu’en passant un appel. En revanche, c’est bien dans le mode d’organisation du travail que la plateforme innove. On parle de « capitalisme de plateforme » pour bien le distinguer de l’économie collaborative. Uber, pour reprendre cet exemple, s’est souvent revendiqué de cette dernière, mais la structure de profit d’Uber n’est pas celle d’une plateforme de covoiturage ! Nous ne sommes ni dans l’économie solidaire ni dans l’économie collaborative ; nous parlons d’entreprises aux structures de profit hyperpyramidales. Rappelons que le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, est aujourd’hui la plus grande fortune mondiale. Enfin, on pourrait aussi parler de capitalisme financier, tant on peine à saisir la logique économique de ces plateformes. Uber affiche en permanence des pertes dans la presse, mais réalise des levées de fonds considérables sur les marchés financiers.
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[Emploi]
Robert Solé
Docteur en pharmacie devenu patron d’une agence de communication, Jacques Séguéla avait amusé la galerie, en 1979, avec un livre joliment titré Ne dites pas à ma mère que je travaille dans la publicité… elle me croit pianiste dans un bordel. Ce faux coming out célébrait le métier sulfureux dont il allait être l’un des papes. Toujours habile à saisir l’air du temps, Séguéla a remis le couvert l’an dernier en publiant Le diable s’habille en GAFA, aux éditions Coup de gueule : une charge au vitriol contre les géants du numérique qui, dit-il, pillent nos données, favorisent la désinformation, pervertissent la démocratie et ruinent l’emploi.