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« La droite radicale dispose de réseaux efficaces de mobilisation »
Florence Haegel
Quelles ont été les grandes inflexions idéologiques de la droite dite néoconservatrice ?
J’observe trois étapes. La première remonte à 1981. Avant ce tournant, il semblait un peu honteux de se dire « de droite » et la droite ne revendiquait pas cette étiquette, mais la génération de 1981 s’en est emparée, tout en se positionnant sur un registre néolibéral. Un deuxième infléchissement est venu avec le sarkozysme. Nicolas Sarkozy s’est focalisé sur les questions d’identité nationale, accordant par étapes – en 2007, en 2010 après les régionales, en 2012 et enfin aujourd’hui – de plus en plus d’importance à cette thématique. La dernière inflexion concerne la dimension religieuse. Après son élection en 2007, si on le compare avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a essayé de placer davantage la religion au cœur de l’identité de droite, notamment avec le discours de Latran et sa fameuse phrase : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. » Mais c’est surtout la Manif pour tous contre la loi Taubira qui a eu un effet sur la structuration et la mobilisation d’une droite catholique conservatrice.
[Valse]
Robert Solé
Est-il encore permis de dénoncer l’immobilisme de la classe politique française ? Tout bouge, au contraire. La gauche se droitise, la droite s’extrémise… Même Marine Le Pen ne tient plus en place : ses dernières déclarations ont été interprétées comme un « recentrage ». Éric Zemmour l’accuse carrément d’être « de gauche »… On va finir par croire à un jeu de chaises musicales.