Larguer les amarres n’a plus le côté aventureux et improvisé des années 1970. Aujourd’hui, avant de quitter la haute finance pour élever des chèvres, on tâte le terrain, on étudie le monde caprin, en ménageant ses arrières. Changer, oui, mais avec une assurance tous risques. D’innombrables spécialistes vous conseillent, vous guident, vous accompagnent, dans des magazines, des livres ou des blogs.
Le coach William Roy propose à ses clients de transformer leur existence en 60 jours. Plus rapide, Anna Austry publie chez Larousse 30 jours pour changer de vie. Les éditions Marabout font encore mieux avec le livre de Paul McKenna : Changer de vie en 7 jours. Cependant, l’offre la plus alléchante est un article de Cosmopolitan intitulé « Une minute suffit pour changer de vie ».
Soixante secondes ? C’est encore supportable pour les gens pressés que nous sommes devenus. Mais l’article dit exactement le contraire du titre ! Aux lectrices qui veulent changer, il est conseillé de prendre leur temps, d’avancer à petits pas. Une sédentaire en surpoids, désireuse de s’offrir un corps de sportive, est incitée à ne pas se précipiter dans un club de cardio-musculation, mais à monter un escalier par jour, puis deux, puis trois…
Ne méprisons pas ces minuscules révolutions. C’est une manière de vivre pleinement chaque instant et de modifier le regard que l’on porte sur soi. Finalement, en parlant d’une minute, le titre de Cosmopolitan était peut-être trop timide. Ne suffit-il pas parfois d’une seconde – ou d’un simple sourire – pour qu’une vie bascule ?