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« Une fonction encore très sacralisée »
Brice Teinturier
Quelle serait la meilleure définition du président en majesté sous la Ve République ?
C’est le dépositaire symbolique de la volonté d’une majorité de Français, censé représenter l’ensemble du corps social et diriger la nation. Cette spécificité française vient des institutions. Depuis 1962, nous élisons le président de la République au suffrage universel direct avec un mode de scrutin à deux tours. L’élu de la nation constate donc qu’une majorité des votants a glissé une enveloppe avec son nom dans une urne. À lui d’incarner la dimension presque mystique de cette charge. Dès l’origine, il existe quelque chose de sacral dans la fonction de président. Il doit porter une vision globale et se situer en surplomb de la politique nationale puisque notre Constitution porte aussi cette bizarrerie institutionnelle qu’est la bicéphalie : un président en charge de l’essentiel et un Premier ministre en charge du quotidien, sans que nous ayons jamais défini les contours de cet « essentiel ». Tel est l’esprit au départ.
[Au ciel]
Robert Solé
– Dites donc, Mitterrand, suivez-vous ce qui se passe en bas ?
– Oui, mon Général. Ils sont devenus fous. Une douzaine de candidats à droite, et qui sait combien à gauche ? N’importe qui se voit président. De notre temps, la fonction avait quand même une autre allure ! Moi, on m’avait même surnommé Dieu.