Louis Aragon - Le Conscrit des cent villages
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Prairie adieu mon espérance
Adieu belle herbe adieu les blés
Et les raisins que j’ai foulés
Adieu mes eaux vives ma France
Adieu le ciel et la maison
Tuile saignante ardoise grise
Je vous laisse oiseaux les cerises
Les filles l’ombre et l’horizon
J’emmène avec moi pour bagage
Cent villages sans lien sinon
L’ancienne antienne de leurs noms
L’odorante fleur du langage
Une romance à ma façon
Amour de mon pays mémoire
Un collier sans fin ni fermoir
Le miracle d’une chanson
Un peu de terre brune et blonde
Sur le trou noir de mon chagrin
J’emmène avec moi le refrain
De cent noms dits par tout le monde
Adieu Forléans Marimbault
Vollore-Ville Volmerange
Avize Avoine Vallerange
Ainval-Septoutre Mongibaud
Fains-la-Folie Aumur Andance
Guillaume-Peyrouse Escarmin
Dancevoir Parmilieu Parmain
Linthes-Pleurs Caresse Abondance
Adieu La Faloise Janzé
Adieu Saint-Désert Jeandelize
Gerbépal Braize Juvelise
Fontaine-au-Pire et Gévezé
. . .
Extrait du « Conscrit des cent villages », La Diane française, Seghers, 1945
© Seghers
Au XVe siècle , une comptine, « Le Carillon de Vendôme », énumère les rares dernières possessions du dauphin Charles. En 1943, c’est au tour d’Aragon de jouer avec les sonorités des communes françaises. « Le Conscrit des cent villages », dont les premiers vers sont reproduits ci-dessus, paraît dans la revue résistante Messages, avant d’être inclus dans le recueil La Diane française. Le poète communiste est au service de la France. Comme l’antique Virgile, il chante « les armes et l’homme » : les conscrits volontaires, ceux du maquis. Pour toucher les foules les plus larges, il ramasse le vers « comme un animal blessé ». Le mètre est ici un octosyllabe prisé par la tradition. Mais que de surprises cachent les rimes embrassées ! Aragon associe espérance et France, blés et foulés, mémoire et fermoir. Et l’absence de virgule contribue au foisonnement du sens. Ainsi de ce premier vers elliptique qui ouvre sur la répétition incantatoire du mot adieu. Terre, eaux, ciel, maison : en quelques mots, Aragon croque un paysage rural qu’un résistant en route identifie à la France. Ni monument ni agglomération : le pays honoré à la première personne du singulier est d’abord la maison quittée. Mais aussi la langue que le poète chante : dans les vocables de villages méconnus, « flambe et tremble la patrie ». Aragon est patriote mais pas cocardier. S’il énumère ces lieux de mémoire, il aime que la France soit ouverte comme une paume à l’étranger. Et dans Le Musée Grévin, il salue son pays où « les blés et les seigles / Mûrissent au soleil de la diversité ».



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