Si les quatre évangiles proposent des biographies de Jésus proches pour l’essentiel, leurs options narratives diffèrent parfois, notamment dans leur chronologie. Les chrétiens tentèrent donc tôt, pour appuyer leur piété, d’en fusionner la matière en un unique récit officieux : les « harmonies évangéliques », dont le plus ancien exemple remonte au iie siècle. Voyage en Terre sainte, à grandes enjambées.

 

Jésus est né dans une étable à Bethléem en Galilée (1), sous le règne d’Hérode, après que sa mère Marie eut été fécondée par l’Esprit saint. Ayant appris sa naissance, des bergers puis trois « hommes sages de l’Est » – traditionnellement appelé les Rois mages – sont guidés par une étoile brillante jusqu’à lui et lui rendent hommage.

Afin d’échapper à la colère du roi Hérode qui été informé de la naissance prophétisée du « roi des Juifs », la jeune famille fuit en Égypte, avant de revenir à Nazareth en Galilée, où Jésus passe une jeunesse dont on ignore presque tout, sinon qu’à 12 ans, monté avec ses parents à Jérusalem, il échappe à leur garde plusieurs jours : on le retrouve au Temple, discutant avec les docteurs de la Loi (2).

Vers ses 30 ans, Jésus se rend au bord du Jourdain, où l’ascète Jean le Baptiste prêche la venue imminente d’un Messie-Juge, et baptise Jésus : une voix venue du ciel proclame : « Tu es mon Fils bien-aimé » (3). Jésus se retire 40 jours dans le désert, sans boire ni manger : là, le démon le tente par trois fois, en vain.

Sur le retour pour la Galilée, il croise auprès d’un puits la Samaritaine, à qui il demande de l’eau : elle est la première à qui il révèle être le Messie (4). Ce que confirme son premier miracle, qui advient quelque temps plus tard : lors de noces qui se déroulent à Cana, Jésus, encouragé par sa mère, change l’eau en vin (5).

Jésus commence à appeler ses premiers disciples. Sa route le mène près du lac de Tibériade, non loin de Capharnaüm, où il va s’établir. C’est sur cette rive nord-est du lac que pour l’essentiel il enseignera, exorcisera et guérira. C’est ici aussi que, depuis une montagne, il adresse son premier sermon à une large foule (6), enseignant le Notre Père et les Béatitudes (« Heureux les pauvres de cœur… »).

La foule rassemblée étant affamée, Jésus multiplie les quelques pains et poissons disponibles pour la nourrir (7), puis envoie ses disciples au-devant de lui vers Bethsaïde. Or, tandis que les apôtres, en bateau, luttent contre le vent, ils voient Jésus venir à eux en marchant sur l’eau (8).

 

Durant son ministère, Jésus entreprend trois voyages importants. Le premier le voit franchir le lac de Tibériade en barque avec ses disciples, puis se rendre au pays des Gadaréniens, un territoire situé au nord-ouest de l’actuelle Jordanie. Après avoir apaisé une tempête lors de la traversée, il exorcise deux hommes possédés par des esprits mauvais en rejetant ces derniers dans un troupeau de porcs, qui se précipite d’une falaise.

Le deuxième voyage le mène hors des terres juives, près de Tyr et de Sidon. Une Cananéenne le supplie de guérir sa fille, et Jésus, réticent, se laisse fléchir, touché par la foi et la ténacité de cette femme (9). Il montre ainsi qu’il n’est pas le sauveur du seul peuple juif.

Un troisième voyage le conduit vers Césarée de Philippe, où Jésus demande à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond : « Le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Et Jésus lui déclare : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Il conduit Pierre, Jacques et Jean sur une montagne où ceux-ci le voient transfiguré, rayonnant de lumière, conversant avec les prophètes Élie et Moïse (10).

 

Pendant ses trois années de ministère, Jésus se rend à Jérusalem à l’occasion de fêtes religieuses. Un jour, les scribes et les pharisiens le mettent à l’épreuve en lui présentant une femme adultère que la loi de Moïse condamne à la lapidation : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre », répond-il (11). En visite à Béthanie, il apprend la mort de son ami Lazare, enterré, et le ramène à la vie (12).

À sa dernière montée à Jérusalem, Jésus, arrivé depuis Béthanie, est accueilli par une foule fascinée par ses miracles. Au Temple, il chasse les marchands dont le commerce profane la maison de son Père (13). Pour les autorités locales, il est un fauteur de troubles.

La veille de sa Passion, Jésus prend son dernier repas avec ses disciples au Cénacle : « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang » (14). Il passe la nuit à prier dans un jardin du mont des Oliviers (15), mais son disciple Judas le trahit et le livre aux soldats qui le mènent au Sanhédrin, l’assemblée des grands prêtres de Jérusalem. Pierre, qui a réussi à se faufiler dans ce lieu, est pris à partie comme l’un des disciples, mais il nie trois fois connaître Jésus. Ce dernier est conduit chez Ponce Pilate, le préfet romain, qui, après l’avoir renvoyé devant Hérode, demande finalement aux Juifs de choisir entre la libération de Jésus et celle de Barabbas : Jésus est condamné. Commence alors son chemin de croix (16) : Jésus est flagellé, battu, puis contraint de porter sa croix jusqu’au mont du Golgotha, lieu où il est crucifié, abandonné de la plupart de ses disciples. Il meurt uniquement entouré de sa mère, de Marie-Madeleine (ou Marie de Magdala) et de Jean (17). Son corps est ensuite déposé par ses proches dans un caveau fermé par une pierre roulée.

Trois jours plus tard, le caveau est retrouvé vide. Jésus ressuscité apparaîtra successivement aux femmes de son entourage, à des disciples sur le chemin d’Emmaüs (18) et aux disciples enfermés dans leur maison. Après être resté quelque temps parmi eux, il les mène vers Béthanie, les bénit, puis monte au ciel (19). 

 

Manon de La Selle

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