Que se passe-t-il ? N’était-il pas entendu qu’après l’élection on raserait gratis ?

J’avais peut-être mal compris la promesse du candidat. Pourtant, vérification faite, elle figure noir sur blanc dans le tract qui est sous mes yeux. Aurait-il oublié son propre texte ? Une vraie tête de linotte ! Et on vous parle ensuite de leur mémoire, on les qualifie d’éléphants…

Autre hypothèse : le candidat n’avait pas prévu que le rasoir, la mousse et le blaireau représentaient un coût. Sans compter l’eau chaude. Il ne pense jamais au prix des choses. C’est tout son charme, mais me voilà bien gêné : ça gratte.

Avant de lui tomber sur le poil, essayons de comprendre. Nullement choqué par ma barbe, trouvant au contraire qu’elle me va très bien, l’élu a privilégié d’autres dépenses. Notamment des frais de tailleur pour supprimer les manches qui m’encombrent et raccourcir mon pantalon. Je reconnais là sa sollicitude, mais il aurait quand même pu m’en avertir.

Dans des moments de cafard, une autre explication effleure mon esprit. Y aurait-il eu de la part du candidat comme une entourloupe, disons une rouerie, inhérente au métier difficile qui est le sien ? J’hésite à accuser de mensonge cet homme plein de promesses, sachant qu’en votant pour lui je me suis un peu menti aussi. Tous les deux, on se tient par la barbichette.

Pour être franc, je n’ai jamais vraiment cru à cette histoire de rasage gratis. De toute façon, le coiffeur était contre : ce coupeur de cheveux en quatre nous aurait certainement menacés d’une grève pour empêcher le tiers payant. 

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