C’était le Mercredi saint 11 avril 1770, à Rome. Le jeune Mozart, âgé de 14 ans, accompagné par son père Léopold, assistait dans la chapelle Sixtine à l’office des Ténèbres : sous les voûtes résonnaient les accents émouvants du psaume 50, Miserere, écrit en 1638 sous le pontificat d’Urbain VIII par Gregorio Allegri, compositeur attaché à la chapelle. Fasciné par la beauté de cette œuvre ornementée avec souplesse par le chœur, Mozart aurait souhaité découvrir la partition. C’était compter sans l’interdiction instaurée par le pape : jaloux d’en conserver le manuscrit dans ses archives, le Vatican avait menacé d’excommunication quiconque se risquerait à en livrer une copie. Il ne restait à Mozart que de braver l’interdit et de réaliser chez lui l’extraordinaire prouesse de noter l’œuvre de mémoire. Le Vendredi saint, à la chapelle Sixtine, il réécouta avec une religieuse attention le Miserere afin de s’assurer de la justesse de sa transcription. Il aurait pris soin, dit-on, au sortir de la basilique, de cacher sa copie dans son chapeau, pour éviter d’éventuelles foudres pontificales. Le secret de l’interdiction papale a longtemps entretenu la part de mystère et de légendes entourant le Miserere d’Allegri qui avait pourtant été exécuté à la cour de l’empereur Léopold Ier à Vienne, puis sera publié à Londres en 1771 et enfin chanté à Paris au milieu du XIXe siècle. Quoi qu’il en soit, en 1831, Mendelssohn aussi transcrira cette pièce que Berlioz comparait à un des « monuments cyclopéens de la musique ». 

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