Il y a quelques semaines, nous vous avions proposé, pour la toute première fois, de voter parmi quatre sujets pour choisir celui que vous voudriez voir exploré en priorité. Vous avez été des milliers à vous exprimer, et voici donc le thème pour lequel vous avez opté, une réflexion sur le progrès, comme un joli symbole de la relation nouvelle que nous souhaitons entretenir avec nos lecteurs à l’avenir, vous permettant d’être plus largement associés à la construction du journal et à ses choix éditoriaux.

En attendant, c’est donc avec le progrès que nous entamons cette nouvelle année, qui marque déjà le quart d’un siècle agité. Et si ce thème vous a séduit, c’est sans doute parce qu’il renvoie à nos doutes communs face à l’avenir, à la difficulté de se projeter dans un futur heureux où les conditions de vie seraient nécessairement meilleures. À quoi se raccrocher, dans un monde cerné par le retour de la guerre, les catastrophes naturelles ou la crise de la démocratie ? Au génie humain ? À la folle aventure du développement technique ? Selon un sondage Ifop de 2022, un nombre record de Français, 15 %, estime désormais que la science apporte plus de mal que de bien. Et 65 % jugent que l’humanité devrait ralentir les innovations si elle ne veut pas courir à sa perte… Cette inquiétude n’est pas nouvelle, et la critique du progrès presque aussi ancienne que l’invention du feu – « Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage », aurait dit Lao-Tseu. Mais celle-ci se teinte, depuis quelques années, d’une noirceur inédite. Par le passé, on pouvait craindre que les découvertes de l’homme finissent par se retourner contre lui. Nous en sommes désormais assurés, conscients que, sans bifurcation salutaire, nos innovations nous mènent à la ruine planétaire.

L’étymologie du mot « progrès » nous rappelle, à cet égard, qu’il ne désigne rien d’autre qu’une « marche en avant ». Reste à savoir, donc, dans quelle direction nous souhaitons aller. Y a-t-il un chemin possible, entre l’aventurisme sans frein d’un Elon Musk et le « modèle amish » brocardé par Emmanuel Macron en 2020 ? Dans son roman Ravage, paru en 1943, Barjavel imaginait une civilisation détruite par ses propres audaces techniques, incapable de survivre à la disparition de l’électricité et réduite à repartir des cendres en tournant le dos au progrès. Nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement. Mais il nous appartient, collectivement, de veiller au sens de la marche, de pousser pour un progrès qui ne rime pas avec regret.

Il me reste, au nom de toutes les équipes du 1 hebdo, à vous souhaiter mes meilleurs vœux pour cette année 2025 ! 

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