« De bonne foi, nous voulons la paix, nous la voulons parce que nous en avons besoin pour refaire notre pays. Mais enfin, si on nous impose la guerre, on nous trouvera. (Vifs applaudissements sur tous les bancs.) » Ces deux phrases que Georges Clemenceau prononce à la tribune du Sénat, le 10 février 1912, résument toute sa pensée sur la guerre et rappellent la fameuse formule latine : si vis pacem, para bellum (si tu veux la paix, prépare la guerre). En ce sens, il rejette et le bellicisme et le pacifisme, l’impulsion de violence contenue dans le premier comme la naïveté dangereuse du second. Imprégné de l’histoire de la Révolution française, il défend le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et celui pour la patrie en danger de se défendre, mais il réfute toute forme d’impérialisme.

La guerre éclate début août 1914. Clemenceau adhère sans réserve à l’Union sacrée et d’emblée veut un « gouvernement d’acier » ; or les présidents du Conseil et ministres de la Guerre successifs ne lui semblent pas à la hauteur de leur tâche : ils sont très loin d’avoir, à ses yeux, la flamme d’un Gambetta qui a sauvé l’honneur en refusant de se soumettre en 1870.

Les hostilités à peine déclenchées, il dénonce dans son journal L’Homme libre les conditions insalubres dans lesquelles ont été évacués des blessés. Louis Malvy, ministre de l’Intérieur, fait suspendre le journal du 29 septembre au 7 octobre 1914. Il reparaîtra sous un autre nom, L’Homme enchaîné – titre qui inspirera l’année suivante les fondateurs du Canard enchaîné. « Ni défendus, ni gouvernés », cette formule d’avant-guerre résume bien le sentiment que lui inspire l’impéritie, selon lui, des ministères qui se succèdent. Il résume son sentiment, lors de la réunion de la commission de l’armée, au Sénat, le 1er avril 1915 : « Tous les ministres ont abdiqué entre les mains du ministre de la Guerre, et lui-même a abdiqué entre les mains d’incapables, qui n’ont pas su préparer la défense et qui continuent. » Ministre de la Guerre auquel il demande, dix jours plus tard : « Nous menez-vous à l’abîme ? » Il n’est pas plus tendre dans son journal. Ses attaques, écrites dans l’urgence, dans la fièvre du tourment, sont souvent violentes, parfois bien injustes.

Aucun président du Conseil n’est épargné : « Si l’art du gouvernement ne consistait qu’à rassembler des gens pour obtenir d’eux ce geste d’origine inconnue, qui consiste à choquer les deux paumes des mains, l’une contre l’autre, M. Viviani serait un grand homme d’État » (31 août 1915) ; Aristide Briand, lui, est un « merveilleux accumulateur de petits moyens » (13 août 1916) ; Alexandre Ribot, « un nageur qui n’ose pas remonter le courant » (4 septembre 1917) ; Paul Painlevé, un « général de velléités qui passe une revue d’intentions » (20 septembre 1917). Quant au chef de l’État, dont il a pourtant toujours souhaité l’effacement institutionnel, il « imite à la perfection le vivant » (6 août 1917). Depuis le début de la guerre, Clemenceau ne dort plus malgré l’ingestion de fortes doses de bromure ; ses colères consternent Poincaré qui le traite de fou.

Mais ses éditoriaux entendent avant tout entretenir la foi en la victoire de ses lecteurs, avec des formules simples mais percutantes. Car de la victoire dépend la survie de la civilisation de liberté par le droit que promeut la République française. Son patriotisme confine parfois au chauvinisme et la brutalité de ses attaques contre les « Boches » choquent aujourd’hui ; mais, écrira-t-il après la guerre, « quoique la véhémence de ma passion française n’ait point à s’excuser, peut-être voudra-t-on bien reconnaître que j’ai tenu, tout en restant de ma patrie, à ne me point détacher des vues qui sont d’un citoyen de l’humanité » (La France devant l’Allemagne, 1918).

En novembre 1915, Clemenceau est élu président des deux commissions sénatoriales les plus importantes : celle de l’armée et celle des affaires étrangères. Il devient dès lors un personnage politique clé, exerçant le contrôle parlementaire dans toute sa plénitude. Son intransigeance vis-à-vis des ministres n’a d’égale que sa connaissance des dossiers. Mais il ne se contente pas d’informations de seconde main, il va à la source, c’est-à-dire au front. De septembre 1915 à novembre 1917, il effectue pas moins de huit voyages aux armées. Ses visites le rendent d’autant plus populaire qu’il ne se ménage pas, témoin le général Guillaumat qui écrit à son épouse le 6 janvier 1917 : « Clemenceau est parti malgré la neige et malgré nous, pour le fort de Douaumont : 6 heures de marche aller et retour. Il est étonnant à 75 ans. »

Le sénateur s’intéresse certes à la stratégie, mais il se préoccupe tout autant des conditions de vie des soldats. Le 21 avril 1915, devant la commission sénatoriale de l’armée, il se fait le porte-parole des poilus qui « aimeraient mieux avoir plus de haricots et de pommes de terre » que de viande. Le 11 mai, il achète lui-même un téléphone pour l’envoyer à un général qui lui a écrit en avoir un besoin urgent. Il lance une souscription, le 6 octobre 1915, pour l’envoi de chaussons, de confitures en seau, de miel et de bouillon pour l’ambulance de Revigny. Le 13 septembre 1917, il remercie ses lecteurs de leur générosité grâce à laquelle plusieurs phonographes vont pouvoir être envoyés à des ambulances récemment bombardées dans la région de Verdun.

En novembre 1917, la situation est critique : aux difficultés militaires – coup d’État en Russie qui laisse présager une paix séparée avec l’Allemagne et donc l’afflux de dizaines de divisions ennemies sur le front ouest, défaite italienne de Caporetto, lenteur de l’arrivée de troupes américaines inexpérimentées… –, s’ajoutent une crise morale – grèves et mutineries ont fissuré l’unité du pays – et une crise politique avec la chute d’un troisième gouvernement depuis le début de l’année. Partisan d’une paix de victoire, Poincaré n’a plus qu’un recours : appeler au pouvoir son vieil ennemi Clemenceau. Vingt et un ans plus tard, le colonel Charles de Gaulle, dans La France et son armée, cherchant à les rendre complémentaires, estimera que si Poincaré fut, pendant la Grande Guerre, la raison de la France, Clemenceau fut sa fureur : « Il fallait, pour qu’on s’en remît à ce lutteur effréné, que la crise atteignît ce degré où tout ménagement est exclu. Lui se trouve de plain-pied avec les pires événements. “Rien que la guerre !”, voilà qui lui va bien. »

C’est en effet en vue d’une « guerre intégrale » que le Tigre se présente devant les députés, le 20 novembre 1917, après avoir, en un temps record, constitué un gouvernement d’hommes de second plan supposés par là se soumettre plus facilement à ses directives. Tout doit être subordonné à la victoire : « Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous. (Applaudissements prolongés.) Ils veulent qu’aucune de nos pensées ne se détourne d’eux, qu’aucun de nos actes ne leur soit étranger. » Le temps des campagnes pacifistes – souvent vite assimilées au défaitisme – est terminé : « Ni trahison, ni demi-trahison : la guerre. (Applaudissements.) » Le 8 mars 1918, il prononcera à la Chambre ces mots restés fameux : « Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c’est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique extérieure, je fais toujours la guerre. Je fais toujours la guerre. (Applaudissements à gauche, au centre et à droite. Mouvements divers.) »

Le second ministère Clemenceau est marqué du sceau de l’action, celle grâce à laquelle, dit-il aux députés le jour de son investiture, « un jour, de Paris au plus humble village, des rafales d’acclamations accueilleront nos étendards vainqueurs, tordus dans le sang, dans les larmes, déchirés des obus, magnifique apparition de nos grands morts. (Applaudissements.) »

Son volontarisme confinera à l’autoritarisme, en tout cas vis-à-vis de ses ministres et de ses collaborateurs. Reste que, même s’il informera de moins en moins le président de la République de l’action du gouvernement – contrairement à sa promesse –, s’il s’adressera de fait au pays par-dessus le Parlement, s’affranchissant quelque peu d’une tradition républicaine qu’il a pourtant toujours défendue avec ardeur, Clemenceau ne se soustraira jamais au contrôle des Chambres et le qualificatif de « dictateur démocrate », voire de dictateur sans épithète, dont on l’affuble encore parfois n’a aucun fondement.

S’il maintient, ce qui va de soi en temps de guerre, la censure diplomatique et militaire, voire la renforce, il relâche la censure politique. Le 8 mars 1918, aux socialistes qui lui reprocheront de laisser publier les campagnes menées contre eux par des journaux de droite, il répondra que « les républicains ne doivent pas avoir peur de la liberté de la presse. (Applaudissements. Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.) » Il ira jusqu’à envoyer une note au bureau de la presse, le 8 juin 1918, précisant que « le droit d’insulter les membres du gouvernement est inviolable ».

Par ailleurs, il met un terme aux réunions de la Chambre en comité secret : « Je prétends que le pays, aujourd’hui, a le droit de savoir tout ce qui se dit à la Chambre », dira-t-il aux députés le 4 juin 1918, ajoutant : « Le comité secret a le grand défaut de soustraire à la connaissance du pays des faits qui demeurent l’apanage d’une petite élite et dont celle-ci pourrait éventuellement se servir pour tel ou tel dessein politique que je n’ai pas à juger. (Vives protestations sur les bancs du parti socialiste.) »

Dès la présentation de son ministère, il déclare à la Chambre qu’elle peut le renverser quand bon lui semblera : « La question de confiance sera toujours posée. (Très bien ! très bien !) » Ce qui sera le cas et, malgré des débats parfois houleux, l’opposition, pendant cette année de guerre, ne dépassera jamais 115 députés. En outre, il rend régulièrement compte de son activité, et en détail, aux commissions de l’armée des deux assemblées. Parlementariste jusqu’au bout, il n’a jamais demandé qu’on lui octroie des pouvoirs exceptionnels.

Sur le front politique, il peut compter sur l’aide efficace de Georges Mandel, chef du cabinet civil, qui connaît par cœur le personnel parlementaire et sait tout des intrigues de couloirs. Pour le front militaire, le Tigre est assisté d’un important cabinet dirigé par le général Henri Mordacq. La confiance est telle entre les deux hommes que Clemenceau s’exclame, en entrant pour la première fois dans son bureau du ministère de la Guerre, voyant une grande carte : « Enlevez-moi ça, ma carte, c’est Mordacq. » Militaire au caractère trempé, auteur de nombreux ouvrages dans lesquels il exige pour l’armée française des chefs conjuguant vigueur physique, acuité intellectuelle et force morale, professeur de stratégie iconoclaste, blessé à trois reprises depuis le début du conflit, il sera un conseiller sûr, infatigable, anticipant tout. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la victoire lui doit beaucoup.

L’une des premières tâches que s’assigne le nouveau président du Conseil est la remobilisation des énergies à l’intérieur. Il entend ainsi débusquer les « planqués ». On se doute qu’il n’en aurait pas toléré chez lui ; il écrivait à Pauline Lambiotte, le 5 janvier 1915 : « Les miens ont fait comme les vôtres, mon fils, mon petit-fils, mes deux frères, mes trois neveux. Tout le monde est à son poste. Mon fils, blessé, après avoir tué un uhlan, est retourné au front. Mon petit-fils, parti il y a quatre mois, va passer officier. Mes deux neveux ont été blessés, l’un d’eux, très grièvement, mais qui est hors d’affaire. Il ne reste que moi, qui voudrais être avec eux. » Il convient de faire des exemples afin que le pays sache qu’il est défendu et gouverné. L’ancien président du Conseil Joseph Caillaux et l’ancien ministre de l’Intérieur Louis Malvy, accusés de connivence avec les défaitistes, sont pour l’un emprisonné et pour l’autre banni cinq ans. Les peines prononcées à leur encontre par le Sénat réuni en Haute Cour sont injustes, mais leur effet sur l’opinion est indéniable.

Cette ferme reprise en main n’exclut toutefois pas la souplesse et Clemenceau recommandera la plus grande prudence lors des grèves du printemps 1918, menées pour l’essentiel par des ouvriers métallurgistes des usines de guerre. Le gouvernement prendra ces grèves très au sérieux, leur prolongation risquant de priver l’armée de matériels. On procédera à l’arrestation de dirigeants syndicaux et, les grévistes étant moins défaitistes que pacifistes, le mouvement s’essoufflera de lui-même.

Au début de la guerre, le pouvoir politique était relativement effacé face aux militaires qui disposaient d’une très large autonomie dans la direction des opérations. Le conflit se prolongeant, le gouvernement a tenu à reprendre peu à peu la main et y parvient au tournant des années 1916-1917. Une étape décisive est franchie en ce sens avec l’arrivée de Clemenceau au pouvoir. Pour lui comme pour Mordacq, la stratégie est décidée par le politique et mise en œuvre par le commandement militaire. Quoiqu’il s’en défende avec constance, il arrive que le président du Conseil, qui doit conduire la guerre au nom du gouvernement (« Je suis le seul responsable ici », dira-t-il à Pétain), se mêle de l’exécution, empiétements qui agaceront certains généraux. Son volontarisme, son indéniable charisme font de lui un véritable chef de guerre.

L’administration est réorganisée : création d’une direction de l’aéronautique, de sous-directions des tanks et des automobiles… Les méthodes de travail changent et obéissent plus que jamais à un impératif d’efficacité. Quant à l’armée proprement dite, on procède à un rajeunissement des cadres, au remplacement de généraux jugés défaillants et à la restructuration progressive de l’état-major général, du comité de guerre… Tout ne se fait pas sans heurts – il faudra ainsi dix mois à Clemenceau pour parvenir à renouveler l’ensemble du haut commandement – et toutes les initiatives n’aboutissent pas. Reste que la production de matériel de guerre augmente, que la chasse aux embusqués et l’appel de la classe 1919 permettent de pallier partiellement le manque d’effectifs.

Clemenceau, et c’est un des traits marquants de son ministère, tient à poursuivre et même à multiplier ses visites au front. Outre ses rencontres avec les généraux dans leurs QG respectifs, sa participation aux réunions du Conseil supérieur de guerre à Versailles ou son expédition à Londres, il se rend aux tranchées, souvent en première ligne, dans les conditions difficiles qu’on imagine – par train de nuit puis en automobile sur des routes défoncées, parfois sous les obus, trajets souvent suivis, on l’a dit, de longues marches. Il lui est même arrivé d’avoir eu à ramper sur deux cents mètres… Or, à 76 ans, il est un vieillard « pourri de diabète ».

On retiendra deux épisodes marquants : en juillet 1918, aux monts de Champagne, des soldats, « figures blêmes de poussière », lui offrent « un bouquet de fleurs crayeuses, augustes de misère et flamboyantes de volonté », bouquet qu’il tiendra à emporter avec lui dans la tombe. Le second, il le raconte dix ans après les faits à son ancien secrétaire : des soldats sénégalais qu’on avait oubliés dans la boue pendant dix-huit jours, voyant Clemenceau, se sont mis à chanter La Marseillaise : « Je leur ai dit qu’ils étaient en train de se libérer eux-mêmes en venant se battre avec nous, que dans le sang nous devenions frères – fils de la même civilisation et de la même idée… Des mots, – qui étaient tout petits à côté d’eux, de leur courage, de leur noblesse. »

Par ces visites au front, il s’agit non seulement d’insuffler aux soldats, épuisés par près de quatre ans de guerre, l’énergie de la victoire, mais aussi d’améliorer leur quotidien, ou encore de veiller à la bonne exécution des décisions gouvernementales et à la coordination des forces alliées.

Maintenir une certaine cohérence entre l’action des généraux américains, anglais, italiens, français, dont les gouvernements respectifs ont des intérêts souvent divergents, exige beaucoup de diplomatie. L’une des principales réussites de Clemenceau, et qui se révélera déterminante pour la victoire, est la mise en place du commandement unique. Bien conseillé par Mordacq, il parvient à ses fins par la ruse et l’obstination : « Mon jeu consistait à amener les Anglais à cette idée-là sans la leur imposer… » Ce n’est que le 26 mars 1918, lors de la conférence de Doullens, cinq jours après le début d’une offensive allemande qui a conduit les armées de l’Entente au bord de la défaite, que les Britanniques acceptent qu’un Français coordonne l’action des armées alliées sur le front occidental. Pour Clemenceau, ce ne pouvait être que Foch : « À Doullens, je me suis trouvé entre deux hommes : l’un qui me disait que nous étions fichus et l’autre qui allait et venait comme un fou et qui voulait se battre. Je me suis dit : “Essayons ce Foch ! Au moins nous mourrons le fusil à la main !” J’ai laissé aller cet homme sensé, plein de raison, qu’était Pétain ; j’ai adopté ce fou qu’était Foch. C’est le fou qui nous a tirés de là » (10 avril 1929).

Il faudra attendre la mi-juillet 1918 pour que le rapport des forces s’inverse définitivement en faveur des alliés qui reprennent peu à peu le terrain perdu. Le 17 septembre, quelques jours avant d’aller visiter les régions libérées, Clemenceau demande au pays de ne pas relâcher son effort : « Nous ne chercherons que la paix et nous voulons la faire juste, solide, pour que ceux à venir soient sauvés des abominations du passé. (Très bien ! très bien !) Allez donc, enfants de la patrie, allez achever de libérer les peuples des dernières fureurs de la force immonde ! Allez à la victoire sans tache ! Toute la France, toute l’humanité pensante sont avec vous. (Applaudissements vifs et prolongés. Les sénateurs se lèvent et acclament M. le président du Conseil au moment où il descend de la tribune.) »

À six heures et quart, le matin du 11 novembre, le général Mordacq annonce à Clemenceau que l’armistice est signé. Le Tigre fond en larmes. Beaucoup l’accusent alors d’avoir accepté un armistice prématuré, au lieu de marcher sur Berlin : « Je me serais cru déshonoré si j’avais fait durer cette guerre un jour de plus qu’il n’était besoin. J’ai fait la guerre à fond pour la faire durer le moins possible », dira-t-il à son ancien secrétaire dix ans plus tard, refusant qu’au 1,4 million de morts français s’en ajoutent 100 000 autres.

Le « Premier Poilu de France » lira à la Chambre des députés la convention d’armistice dans un enthousiasme sans précédent. Il prononce ces mots devenus célèbres : « Et puis, honneur à nos grands morts, qui nous ont fait cette victoire. […] Quant aux vivants, vers qui, dès ce jour, nous tendons la main et que nous accueillerons, quand ils passeront sur nos boulevards, en route vers l’Arc de Triomphe, qu’ils soient salués d’avance ! Nous les attendons pour la grande œuvre de reconstruction sociale. (Vifs applaudissements.) Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours le soldat de l’idéal ! (Applaudissements enthousiastes. – MM. les députés se lèvent et acclament longuement M. le président du Conseil.) »

Plus encore que les généraux, les vrais héros de cette guerre sont pour lui les poilus. Il place même au-dessus de tous le soldat inconnu qui a sacrifié « jusqu’au souvenir de son nom » : « C’est lui qui nous donne la vraie leçon. Il n’a pas travaillé pour la gloire, lui. » Le soir même du 11 novembre, il confie au général Mordacq : « Oui, nous avons gagné la guerre et non sans peine ; mais maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être plus difficile. » 

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