« Si tous les idéaux du monde étaient placés sur un plateau de balance et la sécurité d’Israël sur l’autre, nous devrions peser en faveur de la sécurité. » C’était en mai 1967, quelques jours avant que n’éclate la guerre des Six Jours. Shimon Peres était venu défendre devant Ben Gourion, « le Fils du Lion », la nomination du général Moshe Dayan au poste de ministre de la Défense dans le gouvernement d’unité nationale constitué alors par Levi Eshkol. Un instant, le fondateur de l’État juif hésita. Pui s il laissa tomber : « Tu as peut-être raison. »

Le débat entre sécurité et liberté occupe Israël depuis la proclamation de son indépendance le 14 mai 1948. Jamais l’État juif n’a adopté la Constitution dont il entendait alors se doter mais, au fil des décennies, des lois fondamentales ont gravé les principes de cette « démocratie parlementaire fondée sur la liberté et la responsabilité gouvernementale ». Tout est dit dans cette définition : la liberté est une valeur essentielle de cet État ni laïc ni théocratique. La loi fondamentale sur la dignité humaine et la liberté, adoptée en 1992, précise en effet que « les droits humains fondamentaux en Israël sont fondés sur la reconnaissance de l’homme, la sainteté de sa vie et le fait qu’il est libre ». Mais, comme l’a écrit Paul Johnson dans Une histoire des Juifs, Israël, créé pour réaliser un idéal humanitaire, a découvert, dans la pratique, qu’il lui faut être impitoyable pour survivre. Un dilemme incarné par la vie d’Yitzhak Rabin : en 1987, lors de la première Intifada, il promet de « briser les os des Palestiniens » ; six ans plus tard, il se lance dans « le processus de paix » d’Oslo. 

Tout ceci n’est plus que de l’histoire ancienne. Certes, la liberté demeure. La vie quotidienne à Tel Aviv le prouve. Mais l’état de guerre larvée a déséquilibré la balance sécurité et liberté. Pour le ministre israélien de la Défense, Moshé Bougy Yaalon, le débat est même clos : « La sécurité est désormais la priorité absolue. » 

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