Désormais, je suis couvert. Les nouvelles assurances multirisques que j’ai souscrites incluent la canicule, les tsunamis et les invasions de sau­terelles. Je serais également indemnisé en cas de divorce ou d’absence de promotion professionnelle.

Mais cela ne me dispense pas de prendre des précautions. Je ne mange que des produits pasteurisés. Je ne sors plus, même en forêt, sans mon masque anti­pollution. Je suis vacciné contre la grippe, le paludisme et toutes les hépatites. Les parois de mon abri antiatomique ont été renforcées.

Je n’ai aucune raison de craindre les cambrioleurs. Un mur de trois mètres de hauteur surmonté de barbelés protège la propriété. Les bijoux de mon épouse, ma collection de montres et nos objets les plus précieux sont enfermés dans un coffre-fort à triple armature blindée, qui résiste aux attaques à la lance thermique. Les alarmes de la maison sont reliées à douze canaux radio avec transmetteur digital intégré.

Restent les terroristes. Je fuis les endroits publics et me garde bien de prendre le bus ou le métro. Ma voiture est équipée de vitres pare-balles et d’un châssis antigrenades. Un portique de détection de métaux a été installé à l’entrée de ma chambre à coucher. 

J’ai suggéré au maire un couvre-feu à partir de 22 heures et des patrouilles tournantes de volontaires jusqu’à l’aube. Il m’a promis d’y réfléchir. En ce moment, on constate dans notre quartier une absence de menaces, encore plus prononcée que d’habitude. C’est assez inquiétant. Il faudrait absolument que je m’assure contre le sentiment d’insécurité. 

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