86 % des Français sont favorables à la déchéance de nationalité pour des terroristes binationaux nés en France, selon un sondage Elabe de décembre 2015. Une bonne part des leaders de la gauche (mais pas seulement) y sont opposés. Ce sont pourtant nos « représentants » élus. Représenter c’est bien « parler au nom de » depuis le 17 juin 1789 ? Le peuple a-t-il tort face aux sachants politiques et militants ? Qui est, là, « bon Français » ? Pourquoi n’écoute-t-on plus ses représentants ? Ou pourquoi les représentants n’écoutent-ils plus leurs électeurs ? Est-ce cela la France, des élites en leur vérité et un peuple lointain ?

On peut faire de grandes envolées lyriques sur la République, citer avec élégance des phrases célèbres, la distance entre les élites et le peuple ne peut être masquée. Le peuple : « Dites qui est “nous” et qui n’est pas “nous”. » Les élites : « Soyons fidèles à notre tradition. » Et ne parlez pas de guerre s’il vous plaît ! Cela me rappelle… les « événements » d’Algérie.

Face à cette distance considérable il faut d’abord se questionner. Rompre avec les certitudes idéologiques. Penser ce monde de nomades et de néosédentaires. Entendre la peur, surtout symbolique, celle du manque de sens, du désarroi face au destin commun. Car malgré la crise les Français sont plus optimistes pour eux-mêmes que pour la France. C’est l’idée de la France comme patrie qui est en souffrance. Et si le président l’avait compris ?

Être français pour moi, voyez-vous, ce n’est pas d’abord avoir lu Robespierre, de Gaulle, Zola ou Régis Debray, c’est se sentir appartenir à une aventure qui se déroule sur un territoire, la France, où on cherche à vivre, à élever ses enfants, à travailler et à pouvoir voter. Avoir un toit, un repas, un amour, du respect.

Or cela n’est plus vrai. Le chômage nous ronge. Les « quartiers » sont très loin de la France républicaine. L’école méconnaît la diversité. Les terroristes de 2015 venaient presque tous des zones dites « sensibles ». Il faut à la politique savoir à nouveau dire où nous voulons aller, et avec qui, et pour quoi faire. Sinon la révolte du peuple peut être terrible. 

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