C’est le sixième continent, celui des sans-terre, ces 60 millions de personnes victimes à travers le monde de déplacements forcés en 2015. Un chiffre sans précédent. Aujourd’hui, un être humain sur 122, d’après l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a été contraint de quitter son foyer d’origine. Parmi ces nouveaux damnés de la terre, près de 40 millions ont été contraints par la violence de migrer à l’intérieur de leur propre pays. Depuis la fin de l’année 2015, 20 autres millions errent sur terre et sur mer, à la recherche d’un pays -d’accueil. Terrible comptabilité qu’aggravent d’autres indicateurs. Le retour au pays devient en fait de plus en plus improbable au point de toucher son plus bas niveau depuis trente ans : 87 000 personnes seulement sont rentrées chez elles en 2015 contre 107 000 encore en 2014. 

La guerre en Syrie explique évidemment cette marée nouvelle de réfugiés qui déferlent d’abord sur la Turquie, le Liban et la Jordanie, mais affluent de plus en plus sur les rivages de l’Europe en quête d’un avenir. Après l’avoir longtemps été, la France, depuis quatre ans, n’est plus une destination favorite : elle est passée au quatrième rang européen pour les demandes d’asile (64 536 demandes en janvier 2015, soit une baisse de 2,6 %). En vérité, la géographie de l’asile en Europe est en pleine transformation. L’Hexagone attire moins dans une Europe qui aimante de plus en plus. 

En dépit de cette évolution, Calais est désormais le symbole du drame des réfugiés. Passage obligé de tous ceux qui ont fait du Royaume-Uni leur terre promise, porte d’entrée maritime et ferroviaire de l’Angleterre, cette ville-frontière illustre l’échec européen face à des migrations qui échappent à tout contrôle. Signataire de la convention de 1951 relative au statut des réfugiés, la France devrait y offrir des conditions de vie conformes à la dignité humaine. Elle s’avère, comme beaucoup d’autres pays, incapable de le faire

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