Une forêt dépressive envahit la ville
une forêt transhumante
qui voudrait fuir mais en vain
Des arbres qui s’agitent irascibles
tombent des châtaignes de charbon
De véloces monstres de métal
avec des cerveaux de mouche
se sont emparés des rues
Ils poussent des cris stridents ils poussent des cris stridents
Il ne reste pas d’oxygène à respirer
La chlorophylle est devenue goudron
Passent des tortues qui ressemblent à des chiens
et des chats qui ressemblent à des chevaux
Passent des oiseaux qui n’arrivent pas à voler
avec leurs ailes lourdes de suie
Une baleine s’est échouée sur la Place d’Armes
Il neige en plein été maman
et les enfants ne peuvent se balancer
Rien ne berce rien n’oscille
Le vent est immobile comme une idée fixe
« Valse de Santiago » date de 2015. Óscar Hahn fait venir la nature en ville pour mieux dépeindre le triste carnaval de nos dérèglements. Le poète chilien a connu la prison sous Pinochet. Il enferme ici une violence apocalyptique dans de courts paragraphes limpides et étouffants. Que l’écologie devienne notre idée fixe.
Peine de vie et autres poèmes, traduit de l’espagnol (Chili) par Josiane Gourinchas, Cheyne éditeur, collection « D’une voix l’autre », 2016© Cheyne éditeur, tous droits réservés