L’Américain Fred Moten est poète et théoricien des Black studies. Il place sa trilogie d’essais Consentir à n’être pas qu’un seul sous le patronage d’Édouard Glissant, chantre de la créolisation. Et met ici en relation, pour une autre vision de l’art, le guitariste de blues Bukka White, le saxophoniste Anthony Braxton et le danseur de ragtime Sonny Jones… 

j’ai fait un livre à partir des sky songs de bukka white.
on ne peut pas le lire, mais tu peux sourire, mais c’est pas le mien.
si tu me piétines j’dirai comment vas-tu.
l’histoire de l’art vue d’en bas est d’un accueil violent
à la surface de kansas city, une danse sociale readymade
à l’étage dans la galerie, baby, et dis-leur qu’un rushing a fait le coup !
brûler pour creative orchestra in köln, à un bloc
de konfrontationen dans un fossé, avec toute cette gastronomie
moléculaire et cette céramique. le chœur est une confiserie
circulaire. le foyer est une forme ouverte de dévotion sur vine
pour l’obscurité. Pour l’école effervescente du désert il y a
l’aiguille brillante de sonny jones, qu’il gratte contre un mur
d’un penchant cool dans son cryptographe à étreinte
et ermitage sous-marins, ils y font une nouvelle ligne
afin d’écrire au ciel sur un miroir sur le sol, non pour voir
plus loin que toi mais pour dire bonjour, pas pour appartenir à
mes propres parcs mais pour ne pas appartenir. vine est une étuve
à expression. pangiotto en pince pour moi à tâtons et vine
est levé. Je suis un musicien aux capacités métaphysiques.

Extrait de The Feel Trio (Letter Machine Editions, 2014) et traduit de l’américain par Abigail Lang, dans Vacarme, no 76, été 2016