La deuxième approche est celle à laquelle a recouru Emmanuel Macron pour établir un diagnostic du pays. Il s’agit d’un grand sondage en porte-à-porte, « la Grande Marche », réalisé par des bénévoles auprès de 100 000 personnes. 25 000 Français ont accepté de répondre en une dizaine de minutes à des questions ouvertes telles que « Qu’est-ce qui va bien en France ? » ou « Qu’attendez-vous de la politique ? ». Ce sondage a été possible uniquement grâce à la technologie : les bénévoles tapaient directement les réponses sur une application mobile, créant une base de données de plusieurs millions de mots. Des algorithmes de traitement automatique du langage ont fait un premier tri, identifiant les thèmes récurrents et les tonalités par exemple. C’est dans un second temps que l’équipe d’En marche ! a lu les commentaires pour en tirer des conclusions. En amont du porte-à-porte, on avait identifié grâce à la première méthode les territoires où il était intéressant de sonder pour avoir une représentation fidèle de la France. Il s’agit d’une démarche d’enquête totalement inédite qui n’existe pas aux États-Unis.
Enfin, nous avons lancé un projet de recherche inspiré du site américain FiveThirtyEight pour prédire les chances de victoire des candidats à la prochaine élection présidentielle. En faisant une moyenne intelligente de tous les sondages disponibles, on arrive à évaluer à quel moment ceux-ci sont fiables ou ne le sont pas. Car il existe une marge d’erreur aussi en fonction du temps qui sépare le sondage de l’élection. À un an de l’échéance, par exemple, les sondages se trompent de 7 points. Plus on se rapproche de l’élection, moins ils se trompent. On sait aujourd’hui que Marine Le Pen a 96 % de chances d’être au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Quant aux autres candidats, nous avons aujourd’hui les résultats. Reste à décider si nous les rendons publics ou pas. »
Propos recueillis par MANON PAULIC