TOUT le monde en France s’y attend : l’élection présidentielle de 2032 se jouera sur la question du travail. Merci l’intelligence artificielle ! La robotisation tous azimuts ne cesse de provoquer des plans de licenciements. « Le taux de chômage est tel qu’on n’a pas le choix, vient de déclarer la candidate de la gauche : il faut partager le gâteau, et donc obliger les détenteurs d’un emploi à travailler moins. » Dans le même esprit, son adversaire de droite veut imposer aux fonctionnaires la semaine de trois jours.
La lutte contre le chômage se heurte néanmoins aux revendications des seniors. Pour équilibrer le budget des caisses de retraite dans cette France vieillissante, il avait fallu porter l’âge de départ à 67 ans, puis à 72 ans. Les octogénaires et les nonagénaires s’y résignent de moins en moins. « Il est établi que la plupart d’entre nous vont vivre au-delà de 100 ans, remarque Ségolène Royal, devenue la passionaria du troisième âge. Pourquoi nous enlève-t-on le droit de travailler après 72 ans ? Nous sommes jetés comme de vieilles chaussettes. Je ne vois pas pourquoi je serais réduite à jouer à la belote pendant trois ou quatre décennies ! »
Les seniors sont de plus en plus nombreux et votent massivement. Aucun parti politique ne peut se permettre d’ignorer leur revendication. Personne n’a envie de revivre le cauchemar qu’ils nous ont fait subir l’année dernière pour obtenir le droit au travail : grève des achats en ligne, des livraisons à domicile, des voyages organisés, de la garde des petits-enfants… Rébellions, mutineries et prises d’otages dans les Ehpad… Qui sait jusqu’où peut aller le mouvement des gilets gris ?!