Changer, changer… C’est désormais le leitmotiv de tous les commentateurs politiques et de tous les candidats, qu’ils soient de gauche, de droite, du centre ou des extrêmes. Il faut absolument changer. 

En 1969, Georges Pompidou avait inventé le « changement dans la continuité » : un slogan habile et prudent, destiné à séduire les uns et à rassurer les autres. Une telle modération n’est plus de mise. Finies les demi-mesures ! Aujourd’hui, il faut « changer de logiciel ». La formule a l’avantage de faire moderne et, surtout, de ne rien dire de précis. S’agit-il de changer de méthodes ? De programme ? De régime ? De République ? Davantage encore ? Aucune importance. « Changer de logiciel » est un « signal fort ». Celui ou celle qui l’émet donne l’impression de tourner résolument le dos à la ringardise ambiante et d’avoir trouvé la solution à tous nos ­problèmes. 

À l’ère du zapping généralisé, « changer » devient un objectif en soi. C’est un slogan très pratique quand on n’a aucune vision cohérente, aucune ligne directrice. Il s’agit ni de tenir le cap, ni d’approfondir l’action qu’on s’est fixée, mais de changer, tout simplement.

Changer quoi ? Tout. Du balai ! Comme le chantait Guy Béart, « voici finalement / le grand, le grand, / voici finalement / le grand chambardement ». Lequel exige naturellement de nouvelles têtes. À l’horrible « classe politique » s’oppose la vertueuse « société civile ». Par définition, tout ce qui vient d’elle est bon : bio, en quelque sorte. Rien à voir avec « la politique politicienne », aussi détestable qu’une comédie comédienne ou une pharmacie pharmacienne. 

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