Les défis de la Syrie
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Une surprise et beaucoup d’espoir. Quand le 8 décembre 2024, le régime Assad tombe après s’être maintenu au pouvoir cinquante-quatre ans durant, beaucoup n’en reviennent pas. D’autant que Bachar Al-Assad avait gardé la Syrie sous son joug, alors même qu’une grande part de sa population – les jeunes en particulier – s’était soulevée contre lui lors du fameux printemps arabe, en 2011. « C’est ton tour, docteur. » Et voilà que d’anciens djihadistes, soutenus par la Turquie, entrent dans la capitale sans rencontrer de résistance au terme de dix jours d’une offensive éclair. En découvrant, à la télé et sur les réseaux sociaux, les images de Damas ville ouverte en un dimanche matin ensoleillé, les millions de réfugiés syriens dans le monde n’en croient pas leurs yeux. D’un seul coup, les prisons se vident. Une joie folle s’empare de tous les opposants. L’espérance est de retour. Une nouvelle page de l’histoire syrienne s’ouvre.
Mais, bien vite, le nouveau président islamiste Ahmed Al-Charaa, qui s’était longuement préparé à ce renversement avec ses compagnons de HTC (Hayat Tahrir Al-Cham) dans la région d’Idlib, suscite beaucoup de craintes. Comment d’anciens djihadistes vont-ils pouvoir fédérer une société constituée d’autant de communautés opposées ? En revisitant l’histoire de la Syrie, Robert Solé, grand connaisseur de la région, retrace un siècle de déchirures sanglantes. Dans la dernière période, le clan Assad, issu de la minorité alaouite, a mené une répression forcenée contre les sunnites, majoritaires dans la population. Qu’est-ce qui va les retenir de se venger ?
En dépit des promesses de réconciliation et de la constitution d’un nouveau gouvernement « inclusif », les flambées de violence reprennent. Début mars, d’anciens partisans du régime Assad attaquent les nouvelles forces de sécurité, entraînant des représailles meurtrières contre la population civile alaouite. Notre reporter Christophe Boltanski s’est rendu dans la ville de Homs, sorte de Syrie en miniature, meurtrie par ces affrontements. Il a rencontré des Alaouites terrorisés par la perspective de nouvelles disparitions, tandis que les sunnites continuent de savourer leur victoire.
À ces premiers massacres viennent de s’ajouter des attaques contre les Druzes, accusés de blasphème, selon une rumeur partie de Homs. Des groupes armés liés au pouvoir syrien s’en prennent, fin avril, aux combattants druzes, aussitôt soutenus par Israël, qui frappe en retour la Syrie, allant jusqu’à bombarder les abords du palais présidentiel à Damas, où la voie d’un renouveau s’esquisse. Mais les peurs demeurent.
Homs, la déchirée
Christophe Boltanski
Le journaliste et écrivain Christophe Boltanski s’est rendu pour le 1 hebdo dans la ville de Homs, sorte de Syrie en miniature, meurtrie par les affrontements et les représailles communautaires.
[Palmyre]
Robert Solé
Pour les archéologues et les touristes, la Syrie c’était d’abord et avant tout Palmyre : les vestiges magnifiques d’une cité vieille comme le monde, surgie au milieu des sables...
Homs, la déchirée
Christophe Boltanski
Le journaliste et écrivain Christophe Boltanski s’est rendu pour le 1 hebdo dans la ville de Homs, sorte de Syrie en miniature, meurtrie par les affrontements et les représailles communautaires.