Une photo peut changer le cours de l’histoire. Admettons. Surtout une photo comme celle-là : le corps d’un enfant syrien, 3 ans, échoué sur le sable d’une plage turque, tout habillé, le visage dans l’écume d’une vague. Mais derrière le choc et l’émotion, peut-on encore rappeler deux ou trois évidences qui font mal ? Et d’abord qu’il y a un responsable, un chef d’État américain, Bush junior, idiot plein de fureur, qui s’est permis d’envahir l’Irak en 2003 entraînant des catastrophes en chaîne. Douze ans plus tard, l’Irak est exsangue, miné par la guerre et le terrorisme ; la Syrie voisine est également ravagée par Daech et Bachar al-Assad que le président Barack Obama n’a pas voulu faire plier en temps et en heure. 

Le résultat, ce sont 4,5 millions de Syriens réfugiés dans les pays alentour. Et ce sont maintenant des dizaines de milliers d’entre eux qui prennent la route de l’exil vers l’Europe. Que fait-elle ? Elle tergiverse. Les ambassades et les consulats des pays membres de l’Union européenne se barricadent, refusent de délivrer visa ou sauf-conduit. Alors, comme des ombres, les exilés syriens fuient à pied, en bus, en train, sur des canots pneumatiques. Ils s’en remettent aux passeurs, ces détrousseurs de grand chemin. Mais sur la route de l’exode, les passeurs ne sont pas la cause de la tragédie. Ils en sont une conséquence. La responsabilité revient à ce qu’il faut bien appeler une hypocrisie d’État. 

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