Vous avez créé Cartooning for Peace en 2006 avec Kofi Annan après l’affaire danoise des caricatures de Mahomet. Vous aviez alerté sur les dangers qui pesaient sur la liberté de penser, de dessiner. Comment combattre ces dangers après ce drame ?

En continuant un travail (ÉNORME !) de pédagogie. La première rencontre de Cartooning for Peace à l’ONU rassemblait des dessinateurs du monde entier : des chrétiens, des juifs, des musulmans, des agnostiques, etc. Et le thème de cette rencontre de tous ces dessinateurs autour du secrétaire général des Nations unies était : « DÉSAPPRENDRE L’INTOLÉRANCE ». Le travail a commencé en 2006 avec de tout petits moyens. Nous organisons des rencontres avec des cartoonistes palestiniens, israéliens, etc., et ce n’est pas toujours simple…

Vous revendiquez à la fois le devoir d’irrévérence et celui d’être responsable. Où se situe la limite du dérapage contrôlé ? A-t-elle changé après ce drame ? Y-a-t-il un risque d’autocensure ?

Depuis la création d’Internet, il est évident que nous devons nous organiser. Il est fini le temps où, quand on s’exprimait dans un café de Saint-Germain-des-Prés, on pensait que cela resterait à Saint-Germain-des-Prés. Aujourd’hui nos dessins sont utilisés sur Internet, les réseaux sociaux. Il faut CONTINUER À ÊTRE IMPERTINENTS, ÉNERVANTS, DÉRANGEANTS en sachant qu’il y a au coin de la rue des fondamentalistes qui n’attendent que ça. Donc, organisons-nous pour être plus malins que ces abrutis SANS LÂCHER L’ESSENTIEL : faire des dessins toujours et toujours pour dénoncer toutes les atteintes aux droits humains.

Vous dites souvent : « j’écoute mon crayon ». Que vous dit-il, votre crayon, maintenant ?

Mon crayon me dit une phrase assez simple : « CONTINUE ! NE ME LÂCHE PAS !! ET OCCUPE-TOI DES INTOLÉRANTS DE TOUTES RACES ET DE TOUTES BARBES !!! » On va leur en faire voir de toutes les couleurs !!! 

Propos recueillis par Éric Fottorino

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