Pourquoi soutenez-vous Podemos ?

Parce que je porte un jugement très positif sur ce parti dont les revendications concernent les conditions élémentaires d’existence. Podemos donne naissance à toute une série de contestations comme on peut le voir en ce moment en Irlande. C’est la preuve que le capitalisme triomphant, les politiques d’austérité et l’engagement pro-business de l’Union européenne peuvent être ébranlés par le peuple. 

En quoi vous sentez-vous concerné depuis Londres ?

Les thématiques et les préoccupations de Podemos nous parlent. Beaucoup de gens en Grande-Bretagne sont complètement coupés de la classe dirigeante. La fracture est considérable. Il existe ici d’importants dysfonctionnements, notamment le « contrat zéro heure », un contrat précaire qui accorde au patron tous les pouvoirs et ne garantit aucune durée de travail minimum au salarié. D’une semaine à l’autre, un employé peut travailler une heure comme trente heures. Sans allocation de l’État, il est impossible de survivre. C’est ainsi qu’on a cru régler le problème du chômage.

Le peuple se mobilise-t-il ? 

Il existe des contestations mais elles n’ont pas l’ampleur des manifestations grecques ou espagnoles. Nos cellules de résistance ne sont pas associées aux mouvements politiques de gauche. C’est ce qui nous manque. Nous avons désespérément besoin d’unité. Le nouveau parti de gauche Left Unity, dont je suis membre, possède de bonnes connexions avec Podemos et Syriza. Ils échangent beaucoup, partagent leurs idées, organisent des forums de discussion. Le travail pour que nos forces s’unissent reste à faire.

Pourquoi, selon vous, Podemos est-il si populaire au-delà de ses frontières ?

Cette nouvelle formation politique a trouvé un mode de fonctionnement très démocratique. Podemos a su capter la température de la société contemporaine et se montrer beaucoup plus ouvert que les autres partis. Il ne recycle pas les habituels clichés de langage ou d’organisation. Le fait qu’il trouve son origine dans les manifestations rend ce mouvement éminemment populaire. 

Qu’espérez-vous de ce nouveau parti ? 

J’espère que « l’effet Podemos » nous encouragera à exercer une politique démocratique. Ce parti ne se revendique ni de droite ni de gauche : cela témoigne du vide qui existait jusqu’alors. Dans son analyse de la vision socialiste de la gauche, le système économique ne produit pas de justice sociale. Podemos, c’est la seule alternative : il est démocratique sans être socialiste. Même s’il est clair que ses idées sont fondamentalement ancrées à gauche, je comprends pourquoi il ne souhaite s’attacher à aucun courant. Le traitement de Podemos dans les médias est d’ailleurs très ambigu. Quel média ose saluer son succès ?   

Propos recueillis par ELSA DELAUNAY

 

Vous avez aimé ? Partagez-le !