Le combat de la Libre Pensée
Temps de lecture : 2 minutes
Un orphelin chaussé de sabots brandit son poing vers l’inscription : « Maudite soit la guerre ». C’est à Gentioux, dans la Creuse, autour de ce monument antimilitariste que se réunit chaque 11-Novembre la Fédération nationale de la libre pensée, une des plus vieilles associations laïques, dont la fondation remonte à 1847. Composée de pacifistes, elle s’est donné pour mission de réhabiliter les 639 fusillés pour l’exemple. Le 11 novembre dernier, outre les libres-penseurs, l’assemblée de 800 militants regroupait à Gentioux la Ligue des droits de l’homme, l’Association républicaine des anciens combattants, l’Union pacifiste de France, les syndicats CGT et FO, la Fédération anarchiste et d’autres associations locales. Le rassemblement était rythmé par des discours engagés, on a brandi les drapeaux, on a chanté L’Internationale et La Chanson de Craonne. Le tout s’est achevé par un grand banquet.
La réhabilitation des fusillés est un vieux combat que la Libre Pensée a aujourd’hui récupéré. Dans sa lutte, elle n’hésite pas à faire pression sur l’Élysée. Pour Christian Eyschen, vice-président de l’association, « Lionel Jospin n’allait pas assez loin » dans son discours de 1998 [lire l’article ci-dessous]. Le 11 novembre 2008, à Douaumont, c’est au tour de Nicolas Sarkozy d’évoquer ces soldats tombés à la suite des conseils de guerre : « Beaucoup n’avaient pas été des lâches », déclare-t-il. En coulisse, Marc Blondel, alors président de la Libre Pensée, aurait incité Henri Guaino à orienter le discours du président. « La ligne d’extrême droite de Patrick Buisson a coupé court à toute évolution positive », soupire Christian Eyschen.
Un nouvel espoir émerge avec l’élection présidentielle de 2012. « Pendant sa campagne, François Hollande s’était engagé lors d’une tenue maçonnique au Grand Orient à réhabiliter les fusillés pour l’exemple en cas d’élection. Une fois président, nous lui avons rappelé sa promesse », poursuit-il. Des discussions ont été engagées avec Kader Arif, secrétaire d’État aux Anciens Combattants. Ils obtiendront un espace dédié au musée des Invalides. « Nous avons condamné cela car c’est le musée des fusilleurs. Et le mot réhabilitation n’a jamais été prononcé. Hollande était dans une contradiction qu’on comprend bien : quand vous envoyez des troupes à l’étranger pour faire la guerre, vous ne pouvez pas glorifier des gens qui ont dit non. Sans parler de la pression exercée par l’armée de terre, la plus réactionnaire », regrette le libre-penseur.
Faute de voir son combat aboutir, la Libre Pensée a décidé d’ériger elle-même un monument aux morts en hommage aux 639 fusillés pour l’exemple sur la ligne de front du Chemin des Dames. « Pour l’heure, nous n’avons ni la mairie, ni le terrain, ni le monument. » Mais Christian Eyschen ne désespère pas de voir le projet aboutir en 2018.
« Une mutinerie, c’est une grande prise de parole »
André Loez
L’année 1917 est dominée sur le plan militaire par l’offensive Nivelle, en avril, puis par les mutineries de mai-juin. Dans quel contexte se situent ces événements ?
Au niveau international, 1917 est marquée par la première révolution r…
La révolte des marins allemands
Nicolas Offenstadt
Dans les mémoires allemandes du XXe siècle, deux mutineries, en 1917 et 1918, occupent une place aussi considérable que discutée. Elles se sont produites au sein de la marine impériale. La première à Wilhelmshaven, en août 1917, apparaît à la gauche communiste comme u…
La révolte des marins allemands
Nicolas Offenstadt
Dans les mémoires allemandes du XXe siècle, deux mutineries, en 1917 et 1918, occupent une place aussi considérable que discutée. Elles se sont produites au sein de la marine impériale. La première à Wilhelmshaven, en août 1917, apparaît à la gauche communiste comme u…