C’est une image très forte : une jeune fille, le visage encadré d’un large foulard aux couleurs pastel, vient nous dire en anglais : « L’État islamique ne représente ni l’islam ni aucun musulman. » Juste le temps d’une phrase et un jeune, les cheveux ras, en sweat-shirt, continue : « Ce qu’ils font est totalement anti-islamique. » Et ainsi de suite, des musulmans se succèdent à l’écran, une jeune femme au pull rouge, un senior moustachu. Ce clip, conçu en Grande-Bretagne, possède une énergie rare. Il est réjouissant. Pas du tout résigné ou soumis à une injonction britannique. Pas du tout hypocrite. Sincère au contraire, spontané. Il sonne comme une affirmation. Mais qui sont ces terroristes qui prétendent parler pour nous ? disent-ils chacun à leur manière. Ces gens sont les porte-parole de l’immense majorité silencieuse musulmane qui ne trouve pas les mots pour le dire. Les musulmans, ce sont eux, expliquent-ils. Des musulmans libres, modernes. Que l’organisation État islamique se taise, cesse de revendiquer la tutelle du Prophète. Not in my name ! L’expression, toute simple, a franchi la Manche. Les réseaux sociaux, en France, ont repris la formule. Cela donne des rafales de tweets « Pas en mon nom » en réponse aux communiqués sanguinolents du groupe État islamique. Cela veut dire, oui, nous sommes de ce pays, solidaires de chacun. Et cela résonne comme un acte d’émancipation fondateur.