1. Réduire la consommation de produits de la mer

Les ressources de la mer sont limitées ! Un Français mange en moyenne 24 kilogrammes de produits aquatiques issus de la pêche en mer par an. Or, si l’on divise les ressources disponibles par le nombre d’humains, nous aurions droit à 8 kilogrammes chacun. Nous mangeons trois fois notre dose. C’est autant de protéines animales que l’on retire de la bouche d’autres personnes qui, pour certaines, en ont plus besoin que nous. 

 

2. Éviter les poissons d’élevage 

On a tendance à penser que l’élevage représente une alternative à la surpêche, mais en réalité il aggrave le problème, car les poissons d’aquaculture sont nourris avec des poissons issus de la surpêche. Cette pratique pose en outre des questions éthiques puisqu’on pille les ressources halieutiques du Sud pour alimenter nos élevages. 

 

3. Limiter les poissons pêchés au chalut de fond 

Sur l’étal du poissonnier ou les étiquettes en supermarché, la loi oblige à indiquer la technique de pêche utilisée. Le chalut de fond est extrêmement efficace, mais très destructeur pour les fonds marins. Quand il ne reste que peu de ressources dans la mer, on les pêche au bulldozer ! Le chalut de fond n’est pas sélectif et attrape donc beaucoup de juvéniles. Enfin, il consomme énormément de carburant. Pour chaque portion de poisson pêché au chalut de fond, vous pouvez ajouter un à deux verres de gasoil à côté de votre assiette…

Mais la législation est mal faite : l’étiquetage « chalut » ne précise pas s’il s’agit de chalutage de fond ou de surface, ce dernier ayant globalement beaucoup moins d’impacts. On peut alors se laisser guider par les espèces : les sardines, anchois ou maquereaux, qu’on appelle « poissons bleus » ou « poissons fourrage », sont attrapés au chalut de surface. Ce sont plutôt des poissons vertueux. En revanche, si l’espèce pêchée au chalut n’est pas un « poisson fourrage », il s’agit sans doute de chalutage de fond. 

Pour parler budget, un bar de ligne coûte évidemment plus cher qu’un bar de chalut. Mais on peut en manger moins et en faire une fête. Et par ailleurs se faire plaisir avec le cortège des sardines, anchois, maquereaux, qui ne sont pas chers du tout.

 

4. En bord de mer, privilégier la pêche du jour 

C’est une façon de favoriser la pêche côtière plutôt que le chalutage pratiqué au large. La pêche côtière est globalement moins impactante pour l’environnement, crée plus d’emplois et de valeur ajoutée pour le territoire et entretient la culture de la mer. Pour les personnes vivant loin des côtes, il est possible de s’approvisionner via des systèmes d’Amap, comme le réseau Poiscaille. On peut aussi prêter attention à la zone de pêche, indiquée sur les étalages. Lorsque le poisson vient des eaux françaises, la mention est explicite : golfe de Gascogne, golfe du Lion, mer Celtique, etc. En revanche, si la zone se résume à un numéro, il est probable que votre poisson est importé du bout du monde et que son bilan carbone est mauvais.

On peut aussi diversifier, sortir du trio saumon-morue-crevette ! Testez la baudroie, le lieu jaune, la sole ou des espèces peu connues, comme la vieille ou le tacaud. Mais il ne faut pas se faire d’illusion : il n’existe pas de trésor caché, avec plein d’espèces qui seraient peu pêchées.

 

5. Voter 

Une partie des problèmes de pêche se résoudra par la régulation publique et les choix politiques. C’est bien d’utiliser le pouvoir de votre carte bleue, mais n’oubliez pas celui de votre carte d’électeur. 

Propos recueillis par HÉLÈNE SEINGIER