En 1852, à la suite de la publication en Belgique du pamphlet Napoléon le Petit de Victor Hugo, le pays promulgue la loi Faider. On veut poursuivre « quiconque se serait rendu coupable d’offenses envers la personne des souverains étrangers ». Cela n’empêchera pas Victor Hugo de conspuer le Lion belge devenu caniche et de « retourner l’empereur sur le gril » dans Les Châtiments.
Ce qu’on appelle Charte ou Constitution,
C’est un antre qu’un peuple en révolution
Creuse dans le granit, abri sûr et fidèle.
Joyeux, le peuple enferme en cette citadelle
Ses conquêtes, ses droits, payés de tant d’efforts,
Ses progrès, son honneur ; pour garder ces trésors,
Il installe en la haute et superbe tanière
La fauve liberté, secouant sa crinière.
L’œuvre faite, il s’apaise, il reprend ses travaux,
Il retourne à son champ, fier de ses droits nouveaux,
Et tranquille, il s’endort sur des dates célèbres,
Sans songer aux larrons rôdant dans les ténèbres.
Un beau matin, le peuple en s’éveillant va voir
Sa Constitution, temple de son pouvoir ;
Hélas ! de l’antre auguste on a fait une niche.
Il y mit un lion, il y trouve un caniche.
Les Châtiments, 1853