L’épouse de Joe Biden, Jill, savait ce qu’on attendait d’elle à la Maison-Blanche : être une hôtesse parfaite, une épouse aimante, une conseillère avisée, sans jouer pour autant à l’éminence grise… La presse américaine, friande de simplifications, la désignait par l’acronyme FLOTUS (First Lady of the United States).
Si Kamala Harris est élue, qu’en sera-t-il de son mari, Doug Emhoff ? Cet avocat était déjà entré dans les manuels d’histoire il y a quatre ans comme époux de la vice-présidente en devenant le premier Second Gentleman, baptisé SGOTUS. Cette fois, une victoire démocrate lui vaudrait l’acronyme FGOTUS que des plaisantins traduisent par « First Grandmother of the United States ».
L’Amérique n’a jamais connu de Premier Gentleman. Bill Clinton aurait pu inaugurer la fonction si son épouse Hillary avait accédé à la Maison-Blanche en 2016. On aurait alors vu cette chose étrange : un ancien président rétrogradé en conjoint… En cas de victoire de Kamala Harris, Doug Emhoff ne pourrait donc s’inspirer d’aucun modèle masculin. Prince consort, disposant d’une douzaine de collaborateurs, à quoi occuperait-il ses journées ? Ce premier Premier Gentleman se ferait-il le défenseur d’une meilleure alimentation des enfants, comme Michelle Obama ? Le promoteur d’une campagne antidrogue, comme Nancy Reagan ? Il devrait trouver une juste mesure entre Eleanor Roosevelt, qui signait des articles dans la presse, et Jacqueline Kennedy, qui se contentait de redécorer la Maison-Blanche. Mais surtout – et ce serait peut-être le plus simple pour cet homme courtois et souriant de 59 ans qui a déjà sacrifié sa carrière pour servir celle de son épouse : se comporter en gentleman.