À chaque fois, on se demande : comment a-t-il osé ? Comment n’a-t-il pas compris que nous avons changé d’époque ? Car, enfin, nous ne sommes plus dans la Rome antique, quand César régalait le peuple d’un banquet pour 23 000 convives ! Nous ne sommes plus sous l’Ancien Régime des Mazarin et des Fouquet. Bref, nous supportons de plus en plus mal les accommodements avec la vertu.
Et depuis vingt-cinq ans, chaque accroc semble devoir être le dernier… On pense à l’appartement municipal de la rue Jacob, occupé à prix d’ami par Laurent Juppé, le fils, en 1995 ; au duplex de 600 mètres carrés loué aux frais de l’État par Hervé Gaymard, ministre de l’Économie, en 2005 ; aux enveloppes en liquide récupérées par Claude Guéant ; aux mensonges de Jérôme Cahuzac, ministre de la répression fiscale et fraudeur compulsif ; à la « phobie administrative » de Thomas Thévenoud, éphémère sous-ministre du Commerce extérieur. Et à chaque fois, on reste sidéré, croyant que le message était passé. On cherche une explication et la réponse est énorme : ce n’est rien, nous dit-on, juste des « compléments de rémunération ». L’expression revient à Patrick Stefanini, l’ancien directeur de campagne de François Fillon. En somme, ces membres de la nomenklatura se considèrent mal payés. Ils se comparent à leurs amis de jeunesse devenus les vedettes du CAC 40 et se trouvent mal servis. Il s’agit donc de compenser, de rééquilibrer les plateaux de la balance. Vous avez dit corruption ? Ils vous regardent, surpris et sûrs de leur bon droit.