Les historiens, toujours un peu démographes, sont là pour nous rappeler que les Français sont casaniers. Même au xixe siècle, le siècle du grand exode vers le Nouveau Monde, nous sommes restés bien sagement chez nous. Les Irlandais sont partis par millions vers New York. Les Allemands et les Italiens aussi. Et tous les autres, poussés par la surpopulation, les persécutions, la misère ou le goût de l’aventure ! 

Voilà ce que nous pensions, mais le tableau demande à être nuancé. Selon l’étude passionnante d’Abel Chatelain, professeur au lycée parisien Jacques-Decour, publiée en 1947, nous n’avons pas complètement boudé l’appel d’outre-Atlantique. De 1820 jusqu’au début du xxe siècle, quatre régions ont constitué des réservoirs de migrants – le Pays basque, la Bretagne, les Alpes et l’Alsace-Lorraine. Et trois motivations semblent avoir plus spécialement déterminé les candidats au départ : la loi qui rallonge le service militaire provoque l’exil de dizaines de milliers de jeunes Français ; la crise agricole de 1846 jette à son tour des journaliers et des métayers démunis de tout dans les bateaux ; enfin la loi de séparation de l’Église et de l’État, en 1905, conduit des prêtres, notamment en Bretagne, à inciter leurs ouailles à quitter le sol natal pour le Canada.

Selon les statistiques américaines, ce sont finalement 433 711 Français qui s’installent aux États-Unis de 1821 à 1905. America, America !  

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