acheter ce numéro
De la conscription au service civique
Le service civique doit être un moyen de reconnaissance des jeunes
Luc Ferry
La question du service civique resurgit chaque fois qu’éclatent de graves crises de citoyenneté. Ce fut le cas en 2005 après les émeutes dans les banlieues, et aujourd’hui au lendemain des attentats de janvier. Pourquoi ?
Le service civique est une longue histoire. Il n’est pas une réponse au terrorisme. Mais ne rien offrir aux jeunes comme engagement dans la cité est absurde, face à ce que proposent les imams fanatiques. La stratégie de contact des jeunes par Daech sur Internet est très efficace et moderne, alors on ne peut pas lutter contre la tentation qu’éprouvent certains de s’engager ailleurs. Le mal est, hélas, très tentant. Il existe une grande séduction du mal, mais ne sous-estimons pas la séduction du bien.
Vous parliez d’une longue histoire…
Tout a commencé avec le programme Envie d’agir, une initiative que j’ai lancée en 2002 comme ministre de la Jeunesse. Je constatais que l’engagement des jeunes n’était plus celui de Mai-68, politique ou révolutionnaire, mais répondait à un souci d’être utile, d’être reconnu et respecté pour cela. À l’époque, les 20 000 projets d’Envie d’agir ont tous été adoptés. Plus tard j’ai défendu le modèle de l’Italie, un engagement des jeunes non obligatoire mais rétribué.
Sur quelques risques de dérive
Vincent Laurent
Frédéric Amiel
Depuis une vingtaine d’années, sous prétexte de valoriser l’engagement citoyen, le secteur associatif a servi de laboratoire d’expérimentations de nouvelles formes de contrats. Ces expériences ont pour conséquence d’inciter les employeurs associatifs à gérer les ressources humaines à la limite du droit du travail, voire parfois en dépassant ces limites. Tout ceci provoque une « précarisation » et un malaise dans un secteur représentant plus de 1,8 million d’emplois au niveau national.
Les contrats de volontariat en service civique ont rapidement succombé à un risque identifié de longue date : pour pallier une incapacité à payer des salaires, quantité d’associations les utilisent et bénéficient ainsi de travailleurs à très bas coût. 40 % des volontaires sont en réalité des jeunes, plutôt diplômés – voire très diplômés –, à la recherche d’un emploi et acceptant des contrats de service civique en désespoir de cause. Depuis sa création, le service civique a donc été détourné de son objectif qui était d’attirer des jeunes en difficulté, en décrochage scolaire ou peu diplômés. Trop souvent, les jeunes qui nous contactent choisissent le service civique par défaut et non par volonté d’engagement.
Services
Robert Solé
Que de services ! Publics, administratifs ou sociaux, financiers ou juridiques, de surveillance ou de santé, généraux ou secrets, ils font partie de notre vie. Sans compter les libres-services, les services après-vente, les services funèbres, les services d’ordre, les réunions de service et, bien sûr, une infinité de bons et loyaux services…